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Dans la peau d'un " agent virtuel"

SANS | publié le : 02.12.2003 |

L'influence du jeu vidéo est flagrante dans les environnements virtuels dédiés aux formations comportementales. Mais la diversité des scénarios n'empêche pas les stagiaires d'évoluer dans un registre sérieux.

«Lorsque vous adressez un mail à un collaborateur virtuel, il vous répond immédiatement. Si la réalité du management est beaucoup plus complexe, le jeu a sensibilisé l'ensemble des participants du stage à de nombreuses problématiques de la gestion de projets, tout en apportant un état d'esprit propice à relativiser les échecs », se rappelle Christophe Bouteiller. Ce cadre d'Aventis Pharma Distriservices a participé, en septembre 2002, à environ deux heures d'immersion dans "Manager's Studio" au cours d'un stage de management interentreprises de deux jours, proposé par la Cegos.

Intégré à des stages classiques

Développé, il y a trois ans, par l'organisme de formation en partenariat avec MasaGroup, une société spécialisée dans la conception de simulations comportementales à base d'agents intelligents, "Manager's Studio" se trouve intégré depuis deux ans dans plusieurs stages classiques dédiés au management et à la conduite de projets. La solution est, aujourd'hui, packagée pour un usage intra, en présentiel ou à distance, mais ce dernier cherche encore sa voie.

Dans la pratique, les stagiaires se trouvent plongés dans l'univers d'une entreprise modélisée en 3D, dans laquelle des collaborateurs virtuels, mus par un comportement propre, interagissent les uns avec les autres. A charge, pour le stagiaire, lui-même représenté par un avatar, de piloter son équipe en affectant les bonnes personnes sur les projets en prenant en compte les compétences, la charge de travail, le stress, les affinités de chaque avatar...

Boîte de dialogue

Pour communiquer avec leurs "collaborateurs", les participants piochent dans des boîtes de dialogue, qui ne manquent pas de faire réagir les agents intelligents. « Manager's Studio propose plusieurs scénarios qui mettent l'accent sur la gestion des priorités, la transversalité, l'anticipation, la conduite de projets, la gestion de crise ou encore la gestion des conflits », explique Claire Beyou, en charge de la recherche & développement à la Cegos.

Capacité d'adaptation

Pour les formateurs, l'animation d'une telle application nécessite une forte capacité d'adaptation. Selon Jérôme Maës, formateur en management de projet, « l'intelligence artificielle fait qu'il est quasiment impossible de savoir comment se déroulera un scénario qui est tout, sauf directif ». Si 45 % des stagiaires se montrent enthousiastes, 45 % autres mettent plus de temps à s'approprier les leviers du jeu, tandis que 10 % font un blocage.

Le projet "SécuRévi" (Sécurité et Réalité virtuelle) du laboratoire d'ingénierie informatique de l'Enib (Ecole nationale d'ingénieurs de Brest) mise, également, sur des agents intelligents. Développé pour le compte de l'Institut national d'études de sécurité civile, ce projet vise à mettre des officiers pompiers en situation de prise de décision, dans un contexte de catastrophe industrielle et chimique.

L'application représente, en 3D, le site de la catastrophe, les ressources matérielles à disposition (camions, moyens de décontamination...) et les ressources humaines représentées par les pompiers. Les officiers sont, alors, invités à donner des ordres à des "agents pompiers". « La plate-forme est pensée pour que les décisions puissent se prendre à distance entre plusieurs officiers. La question est de savoir comment permettre à un formateur de contrôler plusieurs stagiaires qui interagissent simultanément avec l'environnement virtuel », confie Pierre Chevailler, maître de conférence à l'Enib. Un pilote de "SécuRévi" sera livré courant 2004.

Approche pédagogique

"Manager's Studio" et "SécuRévi" sont deux applications qui présentent bien certaines analogies avec les jeux de stratégie en temps réel grand public proposés par les éditeurs de jeux vidéo. A l'origine, la technologie AVA (Acteurs virtuels autonomes), de Daesign, avait d'ailleurs été développée dans le cadre d'un projet de jeu grand public baptisé "Insiders", qui n'a jamais vu le jour. Avec AVA, Daesign propose une approche pédagogique où le stagiaire est d'abord invité à répondre à une série de questions. Son avatar va alors développer un comportement en adéquation avec ses réponses, dans un contexte d'entretien de recrutement, d'évaluation des compétences ou de négociations.

Scénarios maison

Les futurs clients seront libres de bâtir des scénarios maison moyennant un coût variant entre 40 000 et 70 000 euros. « Nous simulons une conversation textuelle entre l'avatar du joueur et le candidat ou le salarié virtuel en jouant sur les intentions. Les déplacements, gestes et attitudes des AVA sont synchronisés avec leurs intentions », explique Nicolas Boutherin, de Daesign. En effet, à chaque scène du scénario, le joueur peut opter pour des intentions "positives", "neutres" ou "négatives" sur un panneau de contrôle. Elles déclenchent, alors, un dialogue textuel très scénarisé, puisé dans une structure de dialogue, ("dialogic") avec, en guise de résultats, des commentaires sur les bonnes ou les mauvaises actions.

Habillage graphique

Pour plonger des stagiaires dans le virtuel, l'EM Lyon ne recourt pas à des solutions aussi complexes, mais ses modules de e-learning font l'objet d'une attention toute particulière sur le plan de la scénarisation et de l'habillage graphique. « L'un de nos modules de management s'articule autour d'une enquête qui vise à comprendre pourquoi un projet a capoté. L'action se déroule au xvie siècle et a été entièrement développée en Flash », raconte Marc Alvarado, directeur de la learning factory de l'EM Lyon, qui se prévaut d'une expérience de cinq ans comme responsable de production dans le secteur du jeu vidéo.

Précisions

Suite à l'article sur EDF-GDF (p. 23) paru dans notre enquête "Les entreprises publiques à l'épreuve de la concurrence" (n° 691), nous avons reçu les précisions suivantes : les agents de ces deux Epic sont, de manière générale, des salariés relevant du droit privé même s'ils bénéficient d'un statut du personnel de nature réglementaire. Hors conventions de détachement, les seuls fonctionnaires travaillant dans les Epic sont le président et le chef comptable. En outre, les contentieux sont portés devant les juridictions civiles et non pas administratives.