Payés chers, les consultants doivent, de ce fait, justifier coûte que coûte leurs honoraires.

Le fait qu'ils interviennent ponctuellement et souvent en situation de crise explique qu'ils connaissent souvent mal ou insuffisamment les tenants et aboutissants de la situation de l'entreprise au jour J où ils sont investis de leur mission. Cependant, ils sont d'autant plus tenus de prétendre qu'ils savent, même si ce n'est pas le cas, que leur parole peut rapidement avoir des conséquences graves pour les personnels de l'entreprise.

Si l'on ajoute à cela le fait que les résultats de l'intervention du consultant sont, eux, pour leur part, diffus et étalés dans le temps, on arrive, quelquefois, à une situation ubuesque dont témoignent les scandales et les procès impliquant les cabinets-conseils.

Pour comprendre les consultants et les particularités de la relation de conseil, quels que soient les domaines où elle s'exerce, Michel Villette a choisi de s'intéresser à ce qu'ils font, plutôt qu'à ce qu'ils disent faire. En effet, bien que les consultants jouent souvent la plus-value de la nouveauté, les savoir-faire qu'ils utilisent sont en nombre limité et relativement stable dans la durée. Ce sont ces ficelles du métier que l'auteur a choisies comme objet d'analyse sociologique. Une réflexion décapante !

Michel Villette est professeur de sociologie à l'Ensia et chargé de conférence à l'EHESS.

Il a été cadre dans le groupe BSN, consultant et directeur d'étude à l'institut Entreprise et Personnel.

Il est l'auteur, notamment, de L'homme qui croyait au management et du Manager jetable.