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Petite révolution pour les agences de placem ent

SANS | publié le : 25.11.2003 |

La réforme du marché du travail, qui vient d'entrer en vigueur, va introduire, dès janvier 2004, un véritable bouleversement des mécanismes de rencontre entre l'offre et la demande d'emploi.

Dès l'automne 1998, l'Italie avait aboli le monopole public des agences pour l'emploi et donné la possibilité à des entreprises privées, dûment autorisées par le ministère, d'avoir pignon sur rue. Mais la lourdeur des procédures administratives pour obtenir l'agrément et la nécessité d'avoir un objet social exclusif (excluant la possibilité, pour une même société, de faire de l'intérim, de la formation professionnelle, etc.) ont constitué des freins considérables.

Aujourd'hui, seules 26 sociétés se sont placées sur ce marché, dont des filiales de trois sociétés d'intérim et une firme, Unimpiego, lancée par des branches locales de la Confindustria (le Medef italien), en Italie du Nord.

La réforme Biagi, du nom de l'expert en droit du travail, auteur de la réforme, devrait permettre une réelle concurrence entre public et privé, dont bénéficieront, notamment, les agences d'intérim : elles aussi autorisées, depuis 1998, elles ont fait la preuve de leur dynamisme. « Nous sommes très satisfaits de cette réforme parce qu'elle reconnaît le rôle actif pour l'emploi que nous avons joué ces dernières années », déclare Carlo Scatturin, directeur général d'Adecco en Italie, qui rappelle que l'agence a créé, voilà trois ans, une fondation pour l'aide à l'emploi de certains publics défavorisés, dont les chômeurs de longue durée.

Gamme de services

Les sociétés intéressées aux nouvelles normes (agences d'intérim, cabinets de recrutement et de sélection, sociétés d'outplacement...) pourront, ainsi, offrir toute une gamme de services liés à l'emploi : placement de chômeurs, intermédiation entre l'offre et la demande d'emploi, sélection et recrutement, formation, fourniture de main-d'oeuvre en leasing permanent, intérim, outplacement... Les intermédiaires privés ne seront payés que par les entreprises qui recrutent : aucune contribution publique, aucun paiement de la part du candidat.

Ils devront, cependant, demander une autorisation ministérielle - chacune des activités requérant le respect de certains critères - et être inscrits sur une liste. Ces procédures de mise en route de la réforme devraient être complétées d'ici à début 2004. En outre, ces services pourront être offerts par d'autres interlocuteurs, comme les universités et les écoles, les chambres de commerce (sans but lucratif), et les organisations patronales et syndicales...

Plusieurs points restent cependant à définir. La bourse des emplois sur Internet, prévue par la loi, suscite bien des perplexités. Elle devrait normalement regrouper, en libre accès, l'intégralité des offres et des demandes d'emploi - qu'elles transitent par les agences publiques ou par le secteur privé.

Instrument utile

« C'est un instrument utile, mais il faudra préserver le rôle des opérateurs privés. Notre base de données regroupe non seulement les CV des candidats, mais aussi nos propres évaluations, et nous voulons, évidemment, les protéger », note Carlo Scatturin. Si toutes les offres d'emploi sont mises en ligne et si tous les particuliers y ont accès, on peut effectivement se demander comment sera reconnu le travail des intermédiaires à qui entreprises et candidats se seront adressés au départ...

« La bourse des emplois n'est, pour le moment, qu'une bonne intention, il faudra bien la définir et savoir la gérer, sinon, elle risque de devenir un remède pire que le mal, et de représenter un risque pour notre activité », reconnaît Gianni Bocchieri, conseiller délégué de Apla, la nouvelle association des grandes sociétés d'intérim. De même, le secteur public devrait garder l'exclusivité des procédures administratives liées à l'attribution du statut de chômeur, alors que l'Apla souhaite que les agences privées puissent aussi remplir cette tâche.

Inefficacité du système public

En parallèle, la réforme s'attaque à l'inefficacité notoire du système public : selon une étude de la banque centrale italienne, datant de 1997, seuls 2 % des chômeurs inscrits avaient trouvé un emploi par ce biais ! Les ANPE italiennes devront désormais concevoir des mesures spéciales vers certaines cibles - femmes, jeunes - et réaliser au moins un entretien d'orientation avec chaque chômeur. En clair, elles devront se lancer dans des politiques actives pour l'emploi, alors qu'elles étaient réduites à de simples bureaux de gestion des listes de chômeurs.