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Le plac ement privé a le vent en poupe

SANS | publié le : 25.11.2003 |

Depuis la levée du monopole de placement des agences pour l'emploi, en 1994, les cabinets de placement privés se sont multipliés outre-Rhin. Mais leur importance reste encore limitée.

Les affaires marchent bien. « Avec 4,5 millions de chômeurs, on a du pain sur la planche », déclare Marcel Uhlemann, responsable du marketing chez Jobs in Time, entreprise allemande spécialisée dans l'intérim, le placement privé de demandeurs d'emploi et l'outsourcing. Depuis sa création, en juillet 2000, la firme, basée à Hambourg, a un rythme de croissance à faire rêver plus d'un manager.

Partie de zéro, Jobs in Time détient, aujourd'hui, 17 filiales et a réalisé un chiffre d'affaires de 14,9 millions d'euros en 2001-2002. Pour cette année, l'entreprise, fondée par des anciens top managers de groupes d'intérim, s'attend à un chiffre d'affaires de 24,9 millions d'euros. « Notre activité principale, c'est l'intérim, explique un responsable de la firme qui emploie 1 000 intérimaires. Mais nous sommes aussi spécialisés dans le placement de cadres supérieurs. » Depuis sa création, Jobs in Time a, ainsi, déjà permis à 2 000 chômeurs qualifiés de retrouver un emploi.

Marché très éclaté

Depuis la levée, en 1994, du monopole de placement des agences régionales pour l'emploi, les cabinets privés sont des centaines, comme Jobs in Time, à avoir tenté leur chance sur le marché allemand du travail, avec plus ou moins de bonheur. « Beaucoup de ces cabinets ont déjà disparu », constate Oliver Heikhaus, spécialiste de l'emploi à la fédération des chambres d'industrie et de commerce (DIHK), à Berlin.

Dominé par les grands cabinets d'intérim, comme Manpower ou Adecco, le marché allemand du placement privé est très éclaté. « Il comprend, environ, 400 entreprises d'intérim et 2 000 petits cabinets de recrutement », estime Sieglinde Schneider, porte-parole de la fédération patronale du placement privé (BVP), basée à Wiesbaden.

Branche très jeune

Selon les derniers chiffres officiels, les acteurs privés auraient placé 130 000 chômeurs en 2000, contre seulement 21 000 au milieu des années 1990. Mais, en dépit de leur forte croissance, ils jouent encore un rôle limité face aux agences pour l'emploi, à l'origine de 3,9 millions de placements en 2000. « C'est une branche très jeune », rappelle Holger Schäfer, chercheur à l'institut économique IW, à Cologne. Une branche neuve, aux méthodes iconoclastes.

Métier de limiers

« Nous sommes des limiers, confie Marcel Uhlemann. Nous allons dans les entreprises et demandons quels sont les postes encore libres ou ceux qui vont être créés. » Une fois l'offre trouvée, les recruteurs extraient de leurs dossiers deux ou trois candidats, les coachent et, parfois, les accompagnent à l'entretien d'embauche. Jobs in Time n'est rémunéré par l'entreprise qu'en cas de succès, et reçoit une commission allant de 15 % à 20 % du salaire annuel brut du nouvel employé. Le service, lui, reste gratuit pour le demandeur d'emploi.

« Certains cabinets privés travaillent comme de vrais bureaux de ressources humaines », explique Sieglinde Schneider. Ils insèrent ainsi eux-mêmes, parfois, pour le compte d'une entreprise, une offre d'emploi dans les journaux, trient ensuite les réponses, sélectionnent les candidats et les préparent aux entretiens d'embauche. « Ces services sont surtout appréciés par les PME ou les jeunes firmes, qui n'ont pas encore d'expérience en matière de RH », poursuit la porte-parole.

En général, les cabinets privés sont donc chargés par les entreprises de trouver des salariés. Mais, depuis le scandale des statistiques enjolivées de l'Office fédéral du travail, en mars 2002, ils sont également directement sollicités par des chômeurs de longue durée, munis d'un coupon accordé par les agences pour l'emploi.

Primes incitatives

Grâce à un système de primes (de 1 500 à 2 500 euros), le gouvernement voulait inciter les acteurs privés à s'occuper aussi de chômeurs de longue durée. En vain. « Le système des coupons s'est révélé un flop, car les primes ne sont pas assez élevées », explique Sieglinde Schneider.

Trop de travail et pas assez d'argent pour les cabinets habitués à placer des gens qualifiés. Résultat : seuls 6 % des chômeurs envoyés par les agences aux entreprises privées ont été embauchés.

Seul avantage : ce système a permis un rapprochement entre les ennemis d'hier. « Avant, il y avait une très forte concurrence entre les cabinets privés et les agences publiques. Aujourd'hui, le chômage est si élevé que seule la réussite compte », estime la porte-parole du BVP. « Les agences pour l'emploi sont soulagées de pouvoir confier les chômeurs difficiles à des tiers », confirme Regina Konle-Seidl, chercheuse à l'institut IAB, proche de l'Office fédéral du travail, à Nuremberg.

Touché par la crise

D'une manière générale, le placement privé est autant touché par la crise que les autres secteurs. « La branche se porte mal, car il y a plus de licenciements que d'embauches », résume Sieglinde Schneider. Mais, selon Holger Schäfer, le placement privé devrait continuer à se développer, car il a bonne réputation. Selon un sondage du DIHK réalisé en avril 2000, 46 % des entreprises allemandes se disaient satisfaites du travail des cabinets privés contre seulement... 9 % concernant celui des agences pour l'emploi.