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Chez Jallatte, "zéro licenciement" pendant quatre ans

SANS | publié le : 25.11.2003 |

Le fabricant de chaussures Jallatte lance un plan social, mais s'engage par écrit à ne plus licencier pendant quatre ans.

Jallatte, fabricant de chaussures de sécurité, a lancé, en octobre, un plan social qui prévoit la suppression de 76 postes sur les 439 que comptent ses deux usines gardoises (Alès et Saint-Hippolyte-du-Fort). Mais l'entreprise a conclu, dans le même temps, un pacte avec les salariés : elle s'engage à ne procéder à aucun licenciement économique pendant les quatre prochaines années. Cet engagement a fait l'objet d'un accord écrit, contresigné par les quatre syndicats : CGT (majoritaire), CFE-CGC, FO, CFTC. Une façon de rassurer les salariés qui redoutent un démantèlement des sites. « Il y a peu d'entreprises, aujourd'hui, dans le monde de la chaussure, qui s'engagent sur quatre ans, souligne Valérie Bruel, DRH de Jallatte. Nous voulions que le plan social se passe dans les meilleures conditions possibles. »

Crainte du personnel

Ce plan, qui a demandé quatre mois de négociations, ne comporte aucun licenciement sec. La quasi-totalité des suppressions de poste se feront par le biais de départs en préretraite (progressive ou totale ASFNE). L'objectif est de supprimer des activités à trop faible marge comme la coupe, le piquage ou le soudé, qui sont, désormais, délocalisées à l'étranger (Tunisie, Inde). Le plan permet, également, de rajeunir l'effectif, dont la moyenne d'âge dépasse 48 ans. Mais il a nourri chez les salariés la crainte d'un démantèlement des sites gardois. Une décision, en particulier, a suscité l'inquiétude : celle de revendre une machine de fabrication des semelles, qui avait été acquise en 2000, et de confier cette activité à un sous-traitant. « Cette machine, c'était un symbole », explique Valérie Bruel.

Accord de pérennité

« Le Pdg nous a dit : je vous garantis la pérennité du site », raconte Robert Rouvière, délégué syndical CGT. On a répondu : d'accord, mais par écrit ! ». La direction a donc accepté de signer un accord de pérennisation des sites sur quatre ans. Si elle ne respecte pas ses engagements, elle devra verser à chaque salarié licencié, en plus des indemnités légales, une compensation correspondant à un an de salaire (plafonnée à 14 000 euros par personne). Une enveloppe globale forfaitaire de 1,44 million d'euros est prévue pour faire face à cette éventualité.

La direction a toutefois négocié une clause qui la libère de son engagement si l'activité subit une chute trop importante (d'au moins 30 % environ). « Il fallait que l'accord soit économiquement acceptable », explique Valérie Bruel. Du côté des syndicats, l'accord de pérennisation est accueilli avec une satisfaction prudente. « Cet accord n'est pas mauvais, mais on ne peut pas dire pour autant aux salariés "pendant quatre ans, vous être tranquilles" », juge Robert Rouvière. Ce dernier espère tout de même que l'exemple de Jallatte donnera des idées aux autres industriels français. « Nous sommes un peu des précurseurs. L'accord pourra servir de base de travail à d'autres entreprises. »