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Moins d e fonctionnaires, mais toujours autant de questions

SANS | publié le : 18.11.2003 |

Depuis le 1er janvier 2003, La Poste entre progressivement dans la concurrence. La réorganisation du réseau postal, la réduction des effectifs, la réforme des modes de management et le financement des retraites sont au coeur des tensions sociales qui accompagnent ces évolutions.

Contrairement à EDF et à Gaz de France, l'ordre du jour de La Poste ne prévoit ni réforme de statut ni ouverture de capital. Néanmoins, l'entreprise a commencé à affronter la concurrence et plusieurs problèmes doivent encore être réglés avant la libéralisation totale du marché, prévue pour 2009.

Selon les pouvoirs publics et la direction, La Poste affiche plusieurs handicaps : des retards d'automatisation, une présence coûteuse sur l'ensemble du territoire, une masse salariale trop importante et une charge des retraites qui va croissant.

Le nouveau contrat de plan de La Poste, rendu public en octobre dernier, apporte des réponses partielles. Il prévoit de moderniser l'appareil de production en augmentant le niveau d'automatisation des centres de tri et de ne pas remplacer les départs à la retraite. Les 17 000 points de contact devraient être réorganisés, sans, toutefois, qu'aucune fermeture ne soit décidée.

La question des retraites

Pour Roland Bouyer, secrétaire national de la CFDT Poste et Télécoms, ce nouveau contrat de plan « ne règle aucun des problèmes de La Poste, et, en premier lieu, certainement pas les retraites, dont il n'est même pas question. Les pouvoirs publics, les dirigeants et les partenaires sociaux savent que la construction actuelle du financement du régime de retraites, qui représente une charge de 52 milliards d'euros pour seulement 1,4 milliard de fonds propres, entraîne La Poste droit dans le mur ». De fait, d'ici à 2012, 140 000 collaborateurs quitteront l'entreprise. Or, ce mouvement, qui s'accompagne d'un recul du nombre de fonctionnaires, va déséquilibrer le système de retraites dès 2010. L'entreprise pourrait-elle se diriger vers des solutions de type reversement de ses cotisations à l'Etat, comme France Télécom, depuis 1996, ou adossement au régime général, comme, prochainement, EDF et Gaz de France ? La direction n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.

La question de la taille du réseau est, elle aussi, laissée en suspens. Un récent rapport de la Cour des comptes, qui le considère comme un « handicap majeur de compétitivité », le qualifie de surdimensionné. « La Cour des comptes prêche en faveur d'une réduction des coûts fondée sur la réduction des effectifs au nom de la seule rentabilité financière et au mépris du service public », s'insurge Patrick Bourgeois, responsable du secteur poste à la CGT Poste et Télécoms.

Gestion prévisionnelle des emplois

Les syndicats parlent plutôt d'une mauvaise gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. « Le nombre de salariés ayant le statut de fonctionnaire ne cesse de diminuer, tandis que les contrats précaires progressent par à-coups, explique Roland Bouyer. Certes, La Poste est une entreprise de main-d'oeuvre qui a besoin de souplesse, mais ne serait-il pas préférable de rechercher d'autres solutions, qui seraient innovantes et négociées ? » Pour la CGT, « La Poste ne veut pas investir sur les emplois, les compétences, les qualifications ou encore la gestion des carrières ».

Les syndicats restent sceptiques devant la réforme du management engagée par la direction, il y a deux ans. Son objectif : réduire le nombre de niveaux hiérarchiques et renforcer les managers opérationnels de terrain. Les syndicats, eux, parlent de dur- cissement des méthodes de management et d'une mise sous tension du personnel.

Ils s'opposent, en outre, à toute remise en cause du statut de fonctionnaire et s'interrogent sur la traduction dans les faits d'un chapitre du contrat de plan, qui prévoit la mise en place d'un "nouveau contrat social" portant sur « l'amélioration du recrutement des postiers, la valorisation des compétences, la réorientation professionnelle et le renforcement du dialogue social ». Un dialogue actuellement au point mort.

LA POSTE

> Statut : Epic (établissement public industriel et commercial).

> Effectifs : 325 000 personnes.

> Statuts : fonctionnaires (deux tiers) et contractuels (un tiers).

> Ouverture à la concurrence : depuis le 1er janvier 2003 pour le courrier de plus de 100 g, puis 2006 (celui de plus de 50 g) et 2009 (libéralisation totale).