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Bilan mitigé pour la r éforme des retraites

SANS | publié le : 28.10.2003 |

Instaurant pour la première fois les retraites par capitalisation, la réforme allemande des pensions, datant de 2001, n'a pas tenu ses promesses, sauf pour les retraites d'entreprise.

Entrée en vigueur en janvier 2002, la réforme du système allemand des retraites concoctée par Walter Riester, à l'époque ministre des Affaires sociales, avait créé l'événement. Pour la première fois dans son histoire, l'Allemagne se dotait d'un système volontaire par capitalisation venant compléter le fameux régime des retraites par répartition, instauré par Bismarck en 1 889.

Espoirs déçus

Mais, aujourd'hui, les espoirs soulevés par la nouvelle loi, censée limiter les effets à long terme du vieillissement de la population, se sont évanouis. « La réforme Riester est un flop », constate Friedrich Heinemann, chercheur à l'Institut européen de recherche économique à Mannheim.

Accords en recul

Depuis janvier 2002, seuls 15 % des assurés sociaux ont souscrit à une assurance privée complémentaire. Pire, le nombre de "retraites Riester " déjà conclues est en train de reculer. Selon un sondage de l'Institut allemand d'assurance vieillesse (DIA) à Cologne, elles ont régressé de 3,1 à 2,8 millions au premier semestre 2003. Seul point positif : la nouvelle loi a conduit à un boom des retraites d'entreprise (voir encadré).

La réforme poursuivait un double objectif. D'une part, limiter à long terme la hausse des taux de cotisation retraites (à 22 % du salaire brut en 2 030 contre 19,5 % actuellement) ; d'autre part, inciter les Allemands à souscrire à une assurance vieillesse privée, subventionnée par l'Etat (sous forme d'aide directe ou d'allégements fiscaux), pour compenser la baisse prévue des pensions. En vain. « Les causes des ventes désastreuses des contrats Riester sont évidentes. Il y a d'abord l'incertitude économique générale, qui gèle toute décision financière. Quand on a peur de perdre son emploi, on a d'autres soucis que sa retraite dans trente ans », explique Friedrich Heinemann, avant d'ajouter : « Les retraites Riester sont tellement compliquées que même les investisseurs les plus avertis n'y comprennent rien. » Par ailleurs, avec la hausse du chômage, le risque de l'augmentation des cotisations n'est pas jugulé.

Réouverture du chantier des retraites

Un an à peine après l'entrée en vigueur de la loi, l'Allemagne a donc rouvert son chantier des retraites. En août dernier, la commission Rürup, chargée par le gouvernement Schroeder d'élaborer des propositions pour réformer l'Etat-providence, a rendu un rapport très controversé. La commission préconise ainsi de reporter l'âge légal de départ en retraite de 65 ans aujourd'hui à 67 ans.

Certaines mesures ont déjà reçu l'aval du gouvernement rouge-vert. Le 19 octobre, le chancelier allemand a ainsi déclaré que la revalorisation des pensions serait indexée, à partir de 2005, sur l'évolution du nombre de cotisants par rapport aux retraités.

Schroeder a également annoncé un gel de l'augmentation des pensions en 2004, au grand dam des 20 millions de retraités. Objectif : éviter une hausse des cotisations retraite. « Les caisses de retraites accusent un déficit de 8 milliards d'euros. Si on veut plus d'argent à répartir, il faut que la croissance redémarre », s'est justifiée Ulla Schmidt, ministre allemande des Affaires sociales. Autre mesure importante : les retraites Riester devraient bientôt être simplifiées pour les rendre plus attractives. Quant au recul très impopulaire de l'âge de départ en retraite, Gerhard Schroeder l'a prudemment reporté à... 2010.

Le boom des retraites d' entreprise

Jusqu'à peu, les régimes d'entreprise ne représentaient que 5 % des pensions contre 85 % pour les retraites par répartition et 10 % pour les assurances privées. Mais, depuis la nouvelle loi sur les pensions de 2001, elles sont en pleine croissance.

Près de 10 millions de salariés allemands possèdent aujourd'hui une telle assurance, soit 45 % de plus qu'en 2001. 42 % des salariés du privé sont titulaires d'une retraite professionnelle, contre 29 % en avril 2001. Cela s'explique d'abord par la réforme des pensions, qui subventionne de la même façon les assurances privées ou professionnelles. « Mais les retraites d'entreprise ont plus de succès que les assurances privées, car le salarié ne doit pas chercher lui-même le meilleur modèle », explique Martin Werding, chercheur à l'institut économique Ifo à Munich. D'autre part, la réforme, qui introduit pour la première fois des fonds de pension à l'anglo-saxonne, lui permet d'exiger une telle retraite à son employeur, contre cotisation à la source sur son salaire. Auparavant, il ne s'agissait que d'une offre volontaire de l'employeur, à qui le choix du régime (fonds de pension, caisse de pensions, assurance directe...) revient encore.

Enfin, la nouvelle loi exonère jusqu'en 2008 les retraites professionnelles de charges sociales. Une mesure très critiquée par les caisses d'assurances sociales.