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Alençon tente de se refaire une santé

SANS | publié le : 21.10.2003 |

Lancée en janvier 2002 par la communauté urbaine d'Alençon, l'opération "Phénix" visait à créer 1 000 emplois en trois ans pour préparer l'après-Moulinex. Bilan à mi-parcours.

Près de deux ans après la liquidation du groupe Moulinex, entraînant la fermeture de l'usine d'Alençon (Orne), qui employait un millier de salariés, la revitalisation économique du bassin d'emploi semble sur les rails : 25 entreprises ont choisi de s'installer à Alençon, en créant 284 emplois entre janvier 2002 et avril 2003, et 22 sociétés, déjà en place, ont décidé de booster leur développement, générant 72 emplois.

Au total, l'ensemble de ces sociétés ont créé 356 emplois : tel est le bilan, à mi-parcours, de l'opération "Phénix", lancée en janvier 2002, par Alain Lambert, ex-maire d'Alençon, président de la communauté urbaine et, aujourd'hui, ministre du Budget.

Un bilan assez faible pour un pari ambitieux

Il faut dire que les acteurs du développement économique n'ont pas ménagé leurs efforts. Le pari d'Alain Lambert - 1 000 emplois en 1 000 jours -, lancé alors que l'économie enregistrait ses premiers signes de faiblesse, est ambitieux. D'autant que le ministre se défend de comptabiliser dans son bilan la création d'emplois publics. Le recrutement des gardiens de prison, qui vont être employés dans le nouvel établissement pénitentiaire, à deux pas d'une des zones industrielles de la ville, n'entrera donc pas dans ce pointage. « C'est vrai que le bilan est assez faible, relève Arnaud Cacquevel, chargé de mission à la Mire (Mission interministérielle de revitalisation économique). Nous n'avons pas encore atteint nos objectifs. Mais la conjoncture économique ne nous aide pas beaucoup. »

Une reconquête industrielle

La plupart des emplois créés sont industriels (Vitraglass, Freeskeep, Adiamix), récusant, ainsi, la thèse de la « désindustrialisation », mais le bassin d'emploi a également attiré des emplois de service aux industries (services informatiques, logistique, bureau d'études...), ainsi que des emplois de commerce.

Comment réussir ce pari de la reconquête industrielle ? Pour Jean-Yves Pottier, chargé d'affaires à la CCI d'Alençon, la mobilisation ne date pas d'hier. « C'est un travail de longue haleine. Nous n'avons pas attendu la fermeture de l'usine Moulinex pour reprendre notre destin en main. Bien avant, les acteurs du développement économique ont appris à travailler ensemble, ce qui donne une plus grande visibilité aux entreprises. » Et c'est peut-être cela, les clés de la réussite, cette concertation brisant, ainsi, l'esprit de chapelle.

Action de lobbying

Une organisation bien huilée qu'il a juste fallu redynamiser début 2002. Tous les mois, une réunion, baptisée pompeusement "G4", réunit, ainsi, les présidents des quatre grands organismes de développement économique, la chambre de commerce, la communauté urbaine, le conseil général et l'Etat. Même les chefs d'entreprise ont retroussé leurs manches. Ils sont à l'origine de l'association Alençon Développement, créée fin 2001, chargée de faire du lobbying auprès d'entreprises nouvelles. Elle compte, aujourd'hui, une vingtaine d'adhérents.

Un financement adéquat

Côté financement, Alençon ne lésine pas, non plus, sur les moyens. Outre des exonérations de taxe professionnelle et autres subventions, la prime d'aménagement au territoire (Pat) permet aux entreprises qui créent au moins quinze emplois et dotées d'un programme d'investissement matériel supérieur à 2,3 millions d'euros de bénéficier d'une aide pouvant atteindre jusqu'à 17 % des investissements et 7 622 euros par emploi.

Les PME alençonnaises peuvent également bénéficier de la garantie Sofaris, qui couvre le risque bancaire à hauteur de 70 % du montant emprunté (contre 30 % habituellement), un dispositif mis à la disposition des sociétés de reconversion industrielle, Geris (dans l'Orne) et Sofirem (dans le Calvados), dans le cadre de la convention Moulinex, négociée entre l'Etat et la région.

Au total, les aides cumulées représentent 27 % de l'investissement global pour les PME, et 17 % pour les grands groupes.

Une région plus attractive

Les efforts commencent, ainsi, à payer. Dalbe, une société coopérative d'arts graphiques, n'a pas hésité à quitter la région parisienne pour s'installer dans l'Orne. Les atouts ? « Ici, vous êtes pris en main, constate André Jamet, le secrétaire général. A Paris, il est impossible de rencontrer un élu. » Il a recruté quatre anciens salariés de Moulinex. Tous, en revanche, n'ont pas eu cette chance. Car le travail de deuil lié à la fermeture de l'usine est difficile : si 290 personnes ont réussi à rebondir, en décrochant un CDI ou un CDD, 192 restent, en revanche, « sans solution ».

Autant dire que le projet d'implantation d'Ariake, une entreprise japonaise spécialisée dans les plats cuisinés, suscite bien des espoirs ; 150 emplois sont attendus début 2005, notamment des postes d'ouvrier pour l'emballage des produits.