Quand quelqu'un vit un changement important, son entourage est touché aussi. Dans le cas d'un divorce ou d'un changement de poste, par exemple, on le sait, toute la famille traverse une transition. Le temps de se réorienter psychologiquement et de s'adapter à la nouvelle donne. En effet, celui qui vit une transformation difficile devient plus nerveux, préoccupé, silencieux ou irritable. Il tolère moins facilement la spontanéité ou l'insouciance des autres. Il a besoin d'écoute, de soutien, de réassurance. Par effet de dominos, ses proches sont affectés également : incertitude, sentiment d'impuissance, regain d'exigence, émotion exacerbée, anxiété sur l'avenir, ras-le-bol, besoin de contrôler les choses... Chacun réagit à sa manière.

De la même façon, quand une division ou un département est ébranlé par un changement important, toute l'entreprise est secouée. C'est donc une erreur de dire « ceux-là ne sont pas touchés car, pour eux, rien n'a changé ». En fait, quand une partie d'une organisation se transforme, tout le système en vit les répercussions.

Première réaction : on regarde ceux de la division concernée, on constate qu'ils sont touchés. On les plaint, on compatit, on n'aimerait pas être à leur place.

Deuxième réaction : l'inquiétude nous gagne. Après tout, cela peut nous arriver aussi. D'ailleurs, le fait d'y penser très souvent produit le même effet : désorientation, stress, horizon à 24 heures, sensibilité aux rumeurs, perte de bon sens...

Troisième réaction : l'incertitude fait place à la peur. Une peur sourde, tenace, qui se répand dans l'entreprise comme un virus. La vague prend de l'ampleur. Certains sont inhibés, démotivés et n'agissent plus. D'autres donnent libre cours à leur énervement ou leur colère. D'autres encore adoptent soudain des positions irrationnelles, en absence totale de jugement et de discernement. Ils "disjonctent" ou prennent de mauvaises décisions.

La solution ? Pour ceux qui conduisent le changement, reconnaître tout d'abord les effets de chaîne. Arrêter de dire « ceux-là ne sont pas concernés car rien n'a changé ». Si l'on n'y prête pas attention, le nombre de personnes touchées par une réorganisation augmente sans cesse. Pour tous les autres, assumer son leadership en aidant ceux que l'on côtoie à passer ce cap difficile : les écouter, les remotiver pour agir plutôt que subir, leur montrer leur pouvoir sur leur vie. Baigner dans des atmosphères chaotiques ne doit pas nous déboussoler. C'est peut-être pour chacun l'occasion de réagir positivement, d'acquérir du recul et de développer sa solidité personnelle...