logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Se former à économiser le carburant renforce la sécurité

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Une société de transports lilloise a mis au point une formation individuelle pour son personnel routier, dans le but d'améliorer la rationalité de la conduite.

En un an, la société de transports Depaeuw, implantée à Lompret, près de Lille, a enregistré une baisse de 20 % du nombre d'accidents de la route de son personnel routier. Patrice Depaeuw, Pdg, annonce des résultats encore plus spectaculaires pour cette année. La mise en place, voilà un an et demi, d'une journée de formation "éco-sécurité", destinée aux 180 conducteurs routiers de la société, explique en grande partie ce bilan. « Avec 15 millions de kilomètres parcourus chaque année, nous avons une prise de risques à gérer », explique David Duhayon, directeur des ressources humaines. Même si, tempère la direction, on ne peut compter sur le risque zéro.

« L'objet de la journée de formation est d'améliorer la conduite rationnelle, dite d'anticipation, explique Pascal Tahon, formateur chez Depaeuw, et concepteur du contenu de la formation. Il s'agit d'améliorer la sécurité de notre personnel, mais aussi de restreindre la consommation de gasoil. Sécurité, économie et respect de l'environnement sont étroitement imbriqués. » Un cahier des charges reprend les obligations légales, les exigences des clients, et celles des différents partenaires...

Economie : trois litres de gasoil sur cent kilomètres

La journée, qui comprend neuf heures de formation en tête à tête, comporte quatre phases. La première concerne les vérifications avant le départ (niveaux, mise en service du contrôlographe, sûreté du chargement...). La seconde est une phase d'observation du stagiaire en conduite libre. Un premier bilan donne lieu à un parcours "correctif". « Le conducteur constate lui-même l'économie effectuée sur la consommation de gasoil afin de juger de la rationalité de sa conduite, reprend Pascal Tahon. En moyenne, nous arrivons à économiser trois litres de gasoil sur cent kilomètres. » Les erreurs sont passées au crible, par exemple dans les ronds-points, "zones de conflits" et d'accidents fréquents. En fin de journée, le conducteur dresse son bilan, et part avec une attestation de stage.

Retour sur investissement largement positif

La mise en place de cette formation a été bien accueillie par le personnel, même si elle a nécessité une bonne dose de tact. « Je ne leur apprends pas leur métier, précise Pascal Tahon. Tous ont déjà le permis et l'expérience. Mais j'essaie de leur montrer que l'habitude n'est pas forcément la bonne. »

Autre écueil : le formateur, lui aussi salarié de l'entreprise, ne doit pas être perçu comme un "sous-marin" de la direction. Sauf cas grave, les bilans restent confidentiels. La formation, qui concerne 65 personnes par an dans l'entreprise, s'appuie sur plusieurs partenariats. Le CHSCT, la compagnie d'assurance, la Cram, et une cellule "d'encouragement sécurité", interne à l'entreprise et chargée d'analyser les accidents de la route des salariés, sont parties prenantes.

L'ensemble des journées "éco-sécurité", planifiées sur deux ans, coûte 20 000 euros. La Cram en finance la moitié, dans le cadre du contrat de prévention de l'entreprise. « Si l'on considère les économies de carburant et la diminution des accidents, le retour sur investissement est largement positif », estime David Duhayon. La méthodologie mise au point par la société Depaeuw a été récompensée, en mars dernier, par un Trophée de la formation, lors du salon de la Formation continue de Lille.