Pour éviter aux PME les pièges de la dépendance à un client, une série de formations sur mesure a été mise en place en Alsace pour les sous-traitants automobiles par l'Opca Agefos-PME, le Cesi Est (Centre d'études supérieures industrielles) et la Drire (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement). Soutenue par le programme européen Adapt, elle a formé le volet le plus avancé d'une mise en réseau, enclenchée dès 1998, et qui s'est traduite également par des rencontres à thème, des visites d'entreprises ou des aides au conseil. Sur 168 entreprises contactées pour cette initiative, baptisée Ressa ("Rapprochement entre les entreprises sous-traitantes du secteur automobile"), 48 ont finalement envoyé quelque 200 salariés dans ces formations d'un total de 4 200 heures.

Détecter ce panel a été un premier tour de force. « La nomenclature APE ignore la sous-traitance automobile. De plus, nous ne cherchions pas à capter les grands équipementiers bien identifiés, mais cette multitude de PME qui intervient dans l'automobile en deuxième, troisième rang », expose Michel Parissiadis, directeur régional adjoint de l'Agefos-PME. La liste des participants comprend, ainsi, une miroiterie, une fonderie, des bureaux d'études, des sociétés métallurgiques, etc.

Définir le contenu des formations représentait une autre difficulté. Comment, par l'amélioration des compétences du personnel, aider à la diversification de clientèle, sans se limiter aux modules d'action commerciale ? Les maîtres d'oeuvre de la formation ont longuement écouté les PME pour bâtir un programme où cohabitent thèmes techniques et management. Exemples : tendre les flux en production ; GPAO (Gestion programmée et assistée par ordinateur) ; négocier ses achats ; préparer les certifications qualité ; animation d'équipe ; "piloter avec succès la réalisation d'une affaire" ; "encadrer et motiver"...

Les formations ont touché une moitié de cadres, un gros quart d'ouvriers qualifiés et d'employés et une part légèrement inférieure de techniciens, dans des entreprises d'une centaine de salariés ou moins, hormis le cas de Würth France, l'un des leaders français de la fixation professionnelle, mais dont l'organisation en divisions autonomes se rapproche de la PME.

Elles ont représenté un coût global (salaires et déplacements compris) de 1,5 million d'euros, apportés à hauteur de 40 % chacun par Adapt et l'Agefos-PME. La contribution directe de l'entreprise s'est ainsi limitée à 20 %. « Compte tenu des coûts de préparation de cette action très ciblée, l'aide européenne était indispensable pour en assurer la viabilité économique », souligne Michel Parissiadis. Le Cesi a délégué les formations spécifiques à différents consultants (juristes, conseils en management) ou au constructeur dans certaines sessions techniques.

La mise en réseau, l'un des objets de Ressa, a survécu au programme. Des sous-traitants réunissent, à présent, leurs fabrications dans des offres communes aux constructeurs, d'autres se répartissent des commandes en cas de surcharge de travail pour l'un d'eux.