logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

L'enjeu de la proximité

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Le Céreq plaide en faveur du "renforcement des proximités" entre Opca et petites entreprises.

Le développement de la formation continue des salariés de petites entreprises ne pourra être effectif que si les Opca (Organismes paritaires collecteurs agréés) remplissent davantage un rôle de « médiateur », afin de mieux structurer « l'interface formation-emploi », au niveau territorial. Or, les collecteurs, possédant un « maillage assez fin » pour leur permettre de proposer de réels services de proximité aux petites entreprises, sont, pour l'instant, « minoritaires », constatait le Céreq, dans une étude publiée en 2002 (1).

Manque de transparence

Le Céreq note que les PME souffrent d'un certain nombre de handicaps en matière de FPC : « La grande majorité des acteurs du système de formation professionnelle continue occultent l'importance du rôle joué par [les PME] en matière d'activité, d'emploi ou d'insertion. » Les Opca sont souvent perçus « comme des percepteurs » par les petites entreprises, qui sont nombreuses à penser que le processus de mutualisation et de redistribution des fonds collectés » manque de transparence ». De plus, bien souvent, les dirigeants de PME dites "traditionnelles" ne voient pas dans la formation « un produit, une marchandise comme les autres ». Et l'offre de formation susceptible de répondre correctement aux attentes spécifiques des PME reste finalement « peu étoffée », « les petites entreprises, dans leur ensemble, ne constituent pas un marché significatif et attractif pour les organismes de formation ».

Conséquence : pour faire sortir les PME de leur condition de « laissées pour compte de la formation », il est nécessaire que « la main invisible du marché soit soutenue » par des "intermédiaires", au premier rang desquels figurent les Opca. Le Céreq fait part, en effet, de son scepticisme quant à la capacité du seul développement de la concurrence à « diversifier les prestations offertes, à réduire les coûts et, in fine, à développer l'appétence pour la formation des petites et très petites entreprises ». Cette régulation de l'offre de formation fondée sur la logique concurrentielle « demeure à court/moyen termes réservée » aux seules petites entreprises dites "managériales", c'est-à-dire celles où existent des stratégies planifiées qui débouchent sur l'élaboration de véritables plans de formation. La « régulation marchande » n'aura que « peu d'effet sur la faible appétence des individus » occupés dans les entreprises « les plus traditionnelles ». A l'inverse, les Opca, acheteurs de formation et relais auprès des entreprises (diagnostics, conseils, montage de dossiers), ont « la possibilité de contribuer à la progression des prix de marché au détriment des tarifs administrés ». Cette évolution constituerait le « préalable incontournable au développement d'un authentique marché de la formation », apte à proposer des prestations suffisamment diversifiées et abordables pour satisfaire les attentes des petites entreprises ou favoriser un essor de leurs demandes en termes de formation. En assumant ce rôle d'intermédiaire, les collecteurs pourraient « réduire le risque couru par les entreprises contre l'opportunisme des offreurs ».

Renforcer l'information

Autre piste d'action avancée par le Céreq : renforcer l'information des petites entreprises et de leurs salariés par l'union des compétences des pouvoirs publics et des Opca. Création de « bourses de formation », où offreurs et demandeurs de formation se rencontreraient « au niveau régional et intra-régional », mise en place de « plates-formes mixtes associant entreprises privées, organismes publics, associations et partenaires sociaux »...

En revanche, le Céreq réfute l'hypothèse d'un trop grand nombre d'Opca. « La pluralité s'impose » pour répondre aux besoins extrêmement diversifiés des petites entreprises.

Reste que les Opca n'ont pas officiellement pour fonction d'assurer ce rôle et qu'ils n'ont donc pas les moyens humains et financiers correspondants. Le Céreq propose que les petites entreprises se rassemblent en « réseaux ». Regroupées, elles pourraient partager des expériences et se répartir les coûts. Cette idée, souvent avancée sous la forme, par exemple, de GIE, bute, hélas, sur la crainte des petites entreprises de devoir partager leurs avantages avec des concurrents. « Ce type de problème ne se pose pas quand les membres du réseau interviennent sur des activités différentes », admet le Céreq.

Mêmes regroupées, les petites entreprises auront, de toute façon, besoin d'un « service externe ». Comment implanter localement ce service ? « Tous les organismes collecteurs n'ont pas, actuellement, les capacités d'offrir à leurs adhérents l'interface utile avec les pouvoirs publics européens, nationaux ou régionaux, note le Céreq. Il faudra donc aller plus loin dans le développement de partenariats et de synergies entre organismes de branche et interprofessionnels dans le but de multiplier la mise en oeuvre d'actions ciblées en direction des petites entreprises. »

(1) De l'apport des organismes collecteurs au dynamisme du marché de la formation : la difficile approche des petites entreprises , Céreq Documents n° 166.

Articles les plus lus