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La VAE fait émerger des cadres intermédiaires

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Sur l'ancienne plate-forme logistique d'Adidas, une opération de validation se construit autour d'un CAP et d'un bac pro. L'opération, qui pourrait constituer un modèle reproductible, vise à faire évoluer un personnel plutôt âgé et habitué à des tâches basiques.

La VAE s'invite dans la logistique. L'Opcareg Alsace a lancé, depuis l'automne 2002, une expérimentation à Landersheim (Bas-Rhin) sur l'ancienne plate-forme de logistique et de distribution d'Adidas, reprise, en 2000, par le français CEPL (Compagnie européenne de prestations logistiques). Elle a mandaté la Dafco (Délégation académique à la formation continue) en vue d'un diagnostic de compétences des 120 salariés. Ce travail précédera deux formations diplômantes en CAP et en bac professionnel, cette dernière visant à créer, sur place, la fonction de cadre intermédiaire. Un contexte bien précis motive cette opération. A Landersheim, le personnel, issu du milieu rural local, affiche une moyenne d'âge de 45 ans et une ancienneté de vingt à vingt-cinq ans dans des fonctions basiques (vérification de flux, tri dans de gros cartons...) qui ne sont pas adaptées aux nouveaux clients de la plate-forme et aux nouvelles exigences du secteur, en particulier la maîtrise des nouvelles technologies. Or ces "anciens" devront cohabiter, prochainement, avec 50 nouveaux embauchés qui auront bénéficié d'une formation à la logistique montée par le conseil régional et l'ANPE. Identifier les savoir-faire manquants puis les acquérir leur devient donc nécessaire. « L'entreprise voulait offrir à tous la possibilité d'évoluer. Elle demandait une réponse globale. La VAE apparaissait comme un outil d'autant plus pertinent que le directeur du site, lui-même ancien d'Adidas, connaît chacun de ses salariés », expose Zinedine Abid, directeur de l'Opca.

Elévation des niveaux de qualification

Le collecteur a mis en place un programme "Elévation des niveaux de qualification", fondé sur une succession diagnostic-préconisations-plan de formation-validation. La Dafco, elle, s'est référée au CAP "agent d'entreposage et de messagerie". Mais elle en adapte et complète le contenu. Pour cela, elle a décomposé toutes les étapes de la chaîne logistique à Landersheim, de l'arrivée du paquet à sa sortie, pour en dégager une trentaine de compétences, comme la maîtrise du logiciel de marquage code-barres ou la reconnaissance de la position dans les rayons. Conformément à l'esprit de la VAE, elle recense aussi les compétences "périphériques". Dans le cas de ces salariés qui, pour l'essentiel, n'ont travaillé que sur place, elles découlent surtout d'activités non professionnelles, par exemple, un poste de trésorier en association, révélateur de connaissances en comptabilité.

Ce diagnostic de 9 000 euros (soit 750 euros par jour pendant douze jours, pour 10 salariés par jour) est pris en charge, à un tiers chacun, par l'employeur, l'Opcareg et la région. « Les réactions sont positives : les salariés apprécient de pouvoir accéder à une formation, ce qui constitue une première pour beaucoup d'entre eux », assure Zinedine Abid. C'est à la mi-octobre que sera connu le nombre respectif des salariés qui renoncent à la VAE, qui pourront décrocher leur validation immédiatement ou qui entreront dans un parcours de formation sur mesure, courant 2004. Les deux formations CAP et bac pro seront probablement assurées par les Greta. Des financements de l'Etat (programme EDDF), du FSE et du conseil régional pourraient en minimiser le coût direct pour l'entreprise.

Postes d'agent de maîtrise

Le bac pro permettra à 20 salariés d'accéder aux postes d'agent de maîtrise. Inconnus jusqu'alors sur cette plate-forme, dont l'organigramme se résumait à deux niveaux (dirigeants, opérateurs), ils deviennent indispensables compte tenu de la montée de l'effectif à 170 personnes. La liste des candidats résultera des motivations exprimées et des propositions de la direction. Ce bac pro s'accompagnera d'une formation plus classique au management de proximité, qui sera, elle, confiée à un cabinet privé. Le "modèle CEPL" bâti sur plusieurs mois pourrait ensuite se décliner plus rapidement auprès d'autres entreprises logistiques.