logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

« La formation tout au long de la vie n'est pas utopique »

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Second volet du sondage Sofres : 75 % des chefs d'entreprise estiment que la formation tout au long de la vie « peut tout à fait être mise en oeuvre ».

Comment les chefs d'entreprise envisagent-ils la formation tout au long de la vie ? Selon un sondage Sofres réalisé en début d'année (1), le monde des grandes entreprises se distingue nettement des petites par une ouverture plus grande à l'idée de formation tout au long de la vie (FTLV).

Mise en oeuvre jugée possible

Globalement, pourtant, les conditions de mise en oeuvre de la FTLV ne sont pas un obstacle aux yeux des chefs d'entreprise. En effet, à lire l'enquête Sofres, ceux-ci jugent, tout d'abord, l'idée de la FTLV comme quelque chose « qu'on peut tout à fait mettre en oeuvre » (75 %), et non comme « une belle utopie » (23 %), même chez les petits patrons. Même si, chez ces derniers, ils sont un peu plus nombreux à juger que ce serait « une contrainte de plus pour les entreprises » (36 % dans les moins de 20 salariés contre 13 % chez les plus de 200), le constat est majoritairement celui d'une opportunité (63 % au global, 86 % dans les grandes sociétés). Mais tous reconnaissent que l'idée correspond davantage aux attentes des entreprises (56 %) qu'à celle des salariés (29 %).

Dans les grandes entreprises, les résultats sont plus partagés. Les avantages à en retirer pour ces dernières se comprennent essentiellement en termes de motivation des salariés (63 %) et de maintien d'un haut niveau de qualification (54 %).

« La seule question qui divise est de savoir si ce concept est adaptable à tous les salariés ou à certaines catégories seulement : 47 % contre 51 %. Dans les petites et moyennes structures, on penche plutôt pour le doute, tandis que dans les grandes, près de 70 %, parient pour l'adaptabilité à tous », juge l'institut de sondage.

Cette incertitude s'explique par la persistance d'une vision très utilitariste de la formation professionnelle. Pour la majorité des chefs d'entreprise, la vocation de la formation continue est, en effet, de fournir un bénéfice direct à l'entreprise : les objectifs principaux sont, ainsi, l'amélioration de la qualité du travail des salariés (56 %) et leur adaptation aux innovations technologiques (53 %), devant leur progrès sur le plan professionnel (49 %) et l'amélioration de leur productivité (46 %). Les bénéfices indirects sont cités marginalement : de meilleures relations de travail (24 %) et, surtout, l'amélioration de l'employabilité sur le marché du travail (18 %). La prise de conscience que l'entreprise aurait un devoir de formation qualifiante vis-à-vis de ses salariés, leur assurant une employabilité sur le marché du travail, reste, pour l'instant, minoritaire (46 %). La majorité (53 %) estimant que le seul devoir de l'entreprise est de fournir une formation améliorant les performances. Là encore, les différences selon la taille des établissements sont assez modestes.

« La formation continue doit donc servir, avant tout, à améliorer les performances individuelles, mais dans une perspective d'application immédiate. Les résultats ne varient guère selon la taille de l'entreprise », commente la Sofres.

Les petites entreprises moins convaincues

Conséquence : l'idée de la formation tout au long de la vie est très bien perçue dans les grandes entreprises, mais peine à convaincre dans les petites ; 76 % des patrons interrogés se déclarent convaincus par la FTLV : 36 % la considèrent comme « indispensable » et 40 % comme « très importante ». Mais si on s'attache surtout au résultat « indispensable », qui seul révèle les convaincus, on constate que les chefs d'entreprise sont moins convaincus que les actifs (36 % contre 47 %). Surtout, on discerne des différences très importantes selon les tailles d'entreprise : si 36 % des patrons de sociétés petites et moyennes (moins de 200 salariés) expriment cette opinion, ils sont 54 % pour celles de 200 à 499 salariés, et 64 % dans les plus de 500 salariés.

« Il existe donc deux cultures patronales sur ce sujet, qui ne séparent pas les petits patrons des autres, mais qui distinguent plutôt le grand patron de celui de sociétés moyennes ou petites », analyse le sondage.

Outre les situations très différentes vécues par les grandes entreprises et les autres, et, notamment, l'investissement plus important dans la gestion des ressources humaines, l'enquête offre d'autres pistes d'explication : les petites entreprises sont en majorité mécontentes du niveau de formation des personnes qu'elles embauchent, en particulier celles issues de l'enseignement professionnel : 57 % des patrons de sociétés de moins de 20 salariés déclarent que leur niveau n'est pas satisfaisant. La formation continue est donc perçue comme devant rattraper ce retard. Les chefs de petites entreprises sont persuadés qu'on peut encore, aujourd'hui, exercer le même métier toute sa vie (50 %), alors que, dans les moyennes et les plus grandes, c'est entre 64 % et 89 % qu'on juge cet objectif irréaliste.

« Les petits patrons ont donc une conception du "métier-identité", avec un fort contenu de connaissances spécifiques et structurantes, qui les rend sans doute moins sensibles à l'idée de formation tout au long de la vie. Chez les salariés, cette conception du métier unique est également en déclin », conclut la Sofres.

(1) Un échantillon de 400 chefs d'entreprise de plus de 10 salariés, tous secteurs confondus.

Articles les plus lus