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52 % des actifs prêts à financer leur formation

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Un sondage Sofres, réalisé pour Pigier, a permis de recueillir l'avis des salariés et des employeurs sur la formation. Présentation en deux volets.

Comment les actifs appréhendent-ils la notion de formation tout au long de la vie (FTLV) ? Comme une chance ? Comme une nouvelle responsabilité ? Les résultats d'un sondage Sofres (1) sont riches d'enseignement.

Se prendre en charge est nécessaire

Premier enseignement, selon la Sofres : les salariés auraient pris conscience de la nécessité de prendre en charge eux-mêmes leur parcours professionnel. Moins d'un actif sur deux (41 %) déclare avoir eu un projet professionnel en début de carrière, mais un peu plus de la moitié (55 %) déclarent y réfléchir aujourd'hui. De plus, la majorité des actifs ont pris conscience que la gestion de leur plan de carrière leur incombait personnellement : 66 % expriment cette opinion, contre 25 % qui déclarent que c'est plutôt à l'entreprise de s'en occuper. Ce sentiment est renforcé par l'idée que l'entreprise ne se préoccupe pas toujours de la progression professionnelle et personnelle de ses salariés : les actifs sont très partagés sur ce point, 44 % déclarant que leur entreprise adopte une attitude indifférente, contre 40 % qui ont, au contraire, le sentiment qu'elle favorise leur progression. A noter : même si les employés et les ouvriers sont les plus nombreux à faire ce constat négatif, les cadres ne sont guère plus enthousiastes.

« On ne discerne pas, dans ces résultats, une logique très nette en termes de position sociale, analyse le sondage. En réalité, il semble plutôt qu'un niveau d'instruction élevé ou la jeunesse favorisent l'introspection sur son avenir professionnel », commente l'institut de sondage.

Une autre prise de conscience, révélée par ce sondage, serait la nécessité de la polyvalence, et la mutation de la notion de métier. Près des trois quarts des actifs estiment, ainsi, que pour trouver du travail, « il vaut mieux savoir faire des tâches très différentes qu'avoir un métier précis » (72 %), tandis que 24 % expriment l'opinion inverse. « Les catégories populaires sont encore plus convaincues de cette nécessité. La notion de métier n'est pas véritablement remise en cause, mais n'est, en réalité, plus synonyme de tâche précise et invariable », précise la Sofres.

Se former pour accroître ses compétences

Deuxième constat : la formation professionnelle n'est pas réellement associée à l'idée d'employabilité.

« La formation professionnelle est encore très associée à la notion d'opérationnalité immédiate et de compétence accrue dans un métier », explique l'enquête. Les salariés attendraient, ainsi, en priorité, d'une formation, qu'elle les aide à être plus compétents (59 %), à être mieux armés face aux changements (37 %), ce qui est un autre volet d'une même notion : la formation accroît la compétence sur une tâche ; 37 % attendraient également un profit en termes de salaire. Mais 31 % seulement en attendent de retrouver du travail plus facilement en cas de problème, c'est-à-dire d'améliorer leur employabilité ; et 20 % qu'elle les aide à changer de métier ou d'entreprise.

On retrouve cette idée dans le fait que les formations souhaitées sont essentiellement d'ordre technique, liées à un métier (48 %) ou informatique (45 %), devant les langues étrangères (35 %). Enfin, si 61 % pensent que les formations qu'ils ont suivies les aideraient à trouver du travail plus facilement, en réalité, seuls 31 % en sont vraiment convaincus (réponse "tout à fait").

Accueil favorable pour la formation tout au long de la vie

Troisième résultat : l'idée de formation tout au long de la vie reçoit un accueil très favorable, en partie parmi les catégories les plus instruites ; 88 % des actifs se déclarent convaincus de la nécessité de « se former et d'acquérir de nouvelles connaissances tout au long de leur vie » : 47 % jugent cela « indispensable », 41 % « très important », 10 % « important mais sans plus » et 2 % « pas important ».

Si l'on examine plus précisément le profil des convaincus (les réponses "indispensable"), on s'aperçoit qu'avoir fait des études supérieures et occuper une situation sociale élevée renforce l'intérêt pour la FTLV : 64 % des cadres, 56 % des professions intermédiaires et 66 % des diplômés du supérieur la jugent indispensable, contre 34 % des ouvriers et 42 % des détenteurs d'un diplôme du secondaire. L'accueil des jeunes aurait pu être meilleur : malgré leur sortie récente du système éducatif, seuls 46 % des 18-24 ans se montrent convaincus de l'intérêt de la FTLV.

Par ailleurs, l'idée que la vie est faite de temps cloisonnés, les uns dédiés à l'apprentissage, les autres dédiés au travail, n'a plus cours dans l'opinion : 87 % des interviewés pensent que la formation des individus doit être poursuivie tout au long de la vie.

« Au fond, il y a unanimité sur le principe qui sous-tend la FTLV, mais cette idée nouvelle convainc, pour l'instant, en priorité, ceux qui disposent d'un capital culturel élevé », analyse la Sofres.

S'investir personnellement

Enfin, quatrième constat : les salariés sont prêts à investir personnellement dans leur formation professionnelle.

« Signe que les enjeux liés à la formation sont perçus comme de plus en plus importants, et que les profits à en tirer ne sont plus strictement professionnalisés, les salariés se montrent disposés à un investissement personnel dans leur formation », constate le sondage.

Les actifs sont, en effet, globalement satisfaits des formations qu'ils ont suivies dans leur vie professionnelle : 87 % jugent qu'elles leur ont été utiles dans le travail, dont 50 % « très utiles » ; 74 % souhaiteraient d'ailleurs bénéficier de formation à l'avenir. Mais le plus étonnant est que 52 % des actifs se déclarent prêts à prendre en charge financièrement une partie de leur formation si celle-ci répondait à leurs besoins, contre 45 % qui s'y refusent. Un noyau dur de 26 % s'y refuse même « tout à fait ».

« Le plus étonnant est qu'on ne décèle pas de clivage attendu, comme un clivage social entre ouvriers et cadres », poursuit l'enquête. Les premiers sont 51 % à se dire prêts à payer pour se former et les seconds 49 %. Même chez les salariés du public, cette idée est exprimée par 45 %, contre 48 % dans le privé. Chez les jeunes, le potentiel est encore plus fort (65 %). Les interviewés sont également prêts à donner de leur temps : 76 % sont prêts à consacrer une partie de leur temps libre à une formation.

Ces résultats ne sont pas vraiment surprenants. En 1996, un sondage identique, mené également par la Sofres, mais pour la CGT Ile-de-France, montrait déjà que 60 % des salariés étaient prêts à donner de leur temps personnel pour se former, et que 35 % de ces salariés envisageaient même de participer au financement de cette formation. Les tendances ne sont donc pas nouvelles, mais, en six ans, elles se sont affirmées.

(1) Enquête réalisée en janvier 2003 pour Pigier, avec le partenariat de l'Express, sur le thème de la formation tout au long de la vie, auprès d'un échantillon de 500 personnes exerçant un emploi ou au chômage.

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