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L'HEURE EST A LA MODESTIE

SANS | publié le : 23.09.2003 |

Le battage autour du e-learning s'est beaucoup calmé. Mais les initiatives, aussi bien en France qu'à l'international, restent nombreuses. Elles se veulent pragmatiques et proches des attentes du terrain. Avec davantage de modestie, l'e-learning continue son chemin.

L e-learning fait moins le fanfaron ! Après les dépôts de bilan de quelques prestataires trop ambitieux, l'arrêt des appels d'offres colossaux, et la claque Internet, les zélateurs du e-learning se font plus discrets. Moins de colloques tonitruants, moins d'offres mirobolantes : après le fantasme, la e-formation est entrée dans une période de sérieux et de modestie. Et c'est tant mieux, disent ceux qui, depuis longtemps, voulaient garder la tête froide.

Cette accalmie médiatique ne nuit pas pour autant à la réalité sur le terrain. De multiples expérimentations ont toujours lieu, et des entreprises délaissent l'expérience pour passer à l'application généralisée, comme le montrent, parmi d'autres, les exemples de BNP Lease ou Italcimenti (voir p. 20). Si certaines entreprises se montrent encore très sceptiques vis-à-vis du e-learning, une grande part des responsables formation commencent à avoir une bonne culture des possibilités de cet outil, et regardent les offres avec davantage de lucidité et de professionnalisme. L'environnement institutionnel et politique reste, lui aussi, propice au développement du e-learning.

Initiatives internationales

Au niveau international, les initiatives ne manquent pas. Le projet "Campus virtuel Avicenne", officiellement lancé en mars dernier, a pour objectif de développer le recours à la e-formation dans les pays du pourtour méditerranéen. Des pays dont l'accès à la formation initiale est très disparate, et qui voient, dans la e-formation, un repêchage possible. L'Europe a lancé, en juillet dernier, son troisième appel à projet d'un programme spécifique au e-learning , auprès des universités, des entreprises, et des organismes de formation, et en attend de nouveaux développements.

L'Institut international de planification de l'éducation de l'Unesco a fait le point sur les universités virtuelles, et sur leur impact, et a livré ses conclusions sur le Net, en juin dernier.

Expériences tous azimuts

En France, les premiers "Points d'@ccès à la téléformation", ouverts à tous, voient le jour en Aquitaine, et devraient être généralisés dans la France entière. Ceux que le prix des plates-formes de gestion et de distribution du e-learning inquiètent trouvent de plus en plus d'alternatives du côté des outils gratuits, qui prennent le parti pris de la simplicité et de l'accessibilité.

Dans le monde de la formation initiale, dès cette rentrée, des étudiants de l'IAE de Caen testeront le "livret numérique personnel", ou "electronic/digital portfolio", en anglais, qui capitalisera toutes leurs formes de savoirs, apprentissages et expériences...

Même les PME françaises reconnaissent l'importance de l'enjeu. Ainsi, 51 % d'entre elles considèrent que le manque de formation à Internet et aux technologies de l'information et de la communication en général est un véritable frein au développement de l'utilisation du réseau (1). Un an auparavant, seules 47 % des PME manifestaient ce besoin de formation aux TIC.

Retard du haut débit

Reste, malgré tout, des problèmes. Comme, par exemple, le retard français en matière de haut débit. La Datar a présenté, en juin dernier, une étude sur la France numérique. Le haut débit (ADSL, câble Internet, boucle locale radio, fibre optique...), « qui conditionne le développement de la société de l'information », était, fin 2002, accessible à 74 % de la population française, concentrée sur 21 % du territoire, soit près de 9 000 communes. Mais 26 % des Français, soit 15 millions de personnes, sont situés dans des communes ne disposant d'aucune offre (hors satellite et liaisons louées). Et les meilleures régions françaises en termes de connexion restent encore à la traîne par rapport aux plus inventives régions allemandes ou suédoises.

Propriété intellectuelle

Autre problème, très particulier, celui de la propriété intellectuelle sur les modules de formation. Les mauvaises habitudes, qui ont sévi sur le marché de la formation depuis longtemps, poussent à la prudence pour éviter un procès en "copillage". Mais, les bons professionnels ficellent des contrats clairs. Avec davantage de modestie, le e-learning continue son chemin.

(1) Selon le "baromètre de l'Internet 2003" du Crocis, Centre régional d'observation du commerce, de l'industrie et des services, cellule de la CCIP. < www4.ccip.fr/crocis/pdf/enjeux 58 >

L'essentiel

1 Une vague de désillusion a touché le monde du e-learning et les entreprises depuis un an. Trop de promesses n'ont pas été concrétisées, face à des demandes pas toujours mûries.

2 Les opérations d'e-learning en cours se veulent pragmatiques, souples et proches des attentes du terrain.

3 Des problèmes d'infrastructures techniques et de propriété intellectuelle obèrent encore l'avenir du e-learning en France.

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