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Des salariés sont encore sous le choc

SANS | publié le : 23.09.2003 |

Dix-huit mois après l'annonce de la fermeture de l'usine AZF, suite à son explosion, le 21 septembre 2001, il reste toujours près de trente personnes pour qui la cellule de reclassement cherche une solution.

Quand le bureau toulousain de BPI-Leroy consultants, cabinet conseil en reclassement, décroche, en avril 2002, l'appel d'offres du reclassement du personnel de l'usine chimique du groupe Paroisse, partiellement détruite dans l'explosion du 21 septembre 2001, ses consultants savent que de grandes difficultés les attendent. Car, après le traumatisme de l'explosion, les salariés vivent, au printemps 2002, un second choc : l'annonce de la non-réouverture du pôle chimique.

181 salariés non cadres

Dès juin 2002, la cellule de reclassement a été installée dans l'usine en partie détruite. L'équipe, composée d'une dizaine de personnes - pour moitié des consultants de BPI, l'autre étant constituée par le service RH de Grande paroisse (GP) -, déménage, en novembre, dans d'autres locaux. Le reclassement externe est pris en charge par BPI, la mobilité interne par le service RH de GP.

La cellule emploi s'arrêtera avec le reclassement du dernier salarié. Huit cadres de la société ont rapidement trouvé des solutions en interne et trois ont quitté la société. La cellule emploi s'occupe exclusivement des 181 salariés non cadres à reclasser, techniciens et ouvriers, en moyenne âgés de 40 ans. Le plan de sauvegarde de l'emploi leur garantit de rester salarié du groupe Paroisse jusqu'à ce qu'ils trouvent un emploi pérenne, à durée indéterminée. Entrés souvent jeunes dans l'entreprise, ces ouvriers de production n'ont, pour la plupart, jamais eu à refaire leur CV.

« Il nous a fallu nous engager, auprès de l'entreprise, à reclasser tout le monde dans un poste en CDI, explique Marie Mazérat, responsable du bureau toulousain de BPI-Leroy consultants. Le plus délicat a été de faire admettre aux salariés qu'ils devaient être acteurs de leur repositionnement, qu'il fallait se vendre, y compris pour un poste en interne. C'était, dans un premier temps, d'autant plus difficile qu'ils se sentaient doublement victimes. » Dans la cellule, des ordinateurs sont à disposition des salariés. Aidés et encadrés, ils doivent assurer eux-mêmes la rédaction de leurs CV et des lettres de motivation.

Méthodologie innovante

La méthodologie choisie par BPI est à la fois classique et innovante. Les entreprises de la région ont joué la solidarité. Par le biais du fichier des entreprises de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), des mini-CV des candidats sont envoyés aux entreprises de la région. BPI a également fait appel à un médecin, spécialiste de la gestion du stress. Cet apport s'est fait en marge du travail d'une cellule de soutien psychologique, mise en place par la direction au lendemain de l'accident. Des groupes de parole ont également été créés pour lever la résistance au changement. « Ce travail, effectué dans la durée, a permis de lever les blocages. Notre rôle, au-delà de l'aspect technique, a surtout été de transmettre de l'énergie, et c'est sans doute le plus difficile dans le reclassement, explique Marie Mazérat. Pour être efficaces, il nous a fallu comprendre l'effet de l'accident chimique lui-même et la part de traumatisme consécutif à la perte d'emploi. Chaque cas a été traité individuellement en prenant en compte la situation de chacun. »

Des reconversions réussies

L'accompagnement ne s'arrête pas avec la prise de poste. « Les premiers jours qui suivent la prise de poste sont toujours délicats, on vient les voir sur leur nouveau site, on les appelle chez eux le soir », explique Marie Mazérat. Ceux qui ont réussi viennent apporter aux autres leur témoignage ; leur expérience a valeur d'exemple. Certains ont vraiment réussi leur reconversion. Une dizaine de personnes ont trouvé leur voie dans l'aéronautique, embauchées par Airbus. D'autres dans les PME de la région. La moitié ont choisi la mobilité interne. « Nous utilisons un réseau interne de mobilité qui permet aux responsables RH régionaux de se réunir trois fois par an, toutes branches confondues. Ce réseau est doublé d'un intranet qui diffuse les postes ouverts à la mobilité », précise Gildas Thomas, DRH de Grande paroisse Toulouse et responsable de la cellule emploi mobilité.

Une quarantaine de personnes sont encore en recherche. Une dizaine d'entre elles, sans être hospitalisées, sont encore en arrêt de travail. Blessés lors de l'explosion ou souffrant de troubles psychologiques, certains salariés ne sont passés qu'une fois à la cellule de reclassement. « Il est important de tenir compte dans la durée de ces salariés. Il faudra attendre la fin de leur convalescence pour accompagner leur retour à l'emploi », remarque Marc Gianotti, ex-ouvrier de produc- tion et délégué CGT chez AZF.

REPERES

Bilan du reclassement

Solutions externes Ont retrouvé un travail 44 dont 4 créations d'entreprise. Personnes en formation diplômante 3

Mobilité interne Personnes concernées 94

Personnes encadrées par la cellule reclassement 43 Ont trouvé une solution ou sont en attente de poste 12 Ont des pistes 11 Sont en arrêt de travail 10 N'ont aucune piste 10