Dans cette entreprise américaine, les salariés qui perdent du poids gagnent de l'argent et des congés. Dans le pays, les employeurs s'inquiètent de la tendance à l'obésité de leurs salariés, qui contribue à faire flamber le coût de la prévoyance santé.
« Perdez du poids et gagnez de l'argent. » C'est ce que Brent Barton, le président de VSM Abrasives, un fabricant américain d'abrasifs industriels, installé dans l'Etat du Missouri, a proposé à ses 135 salariés. Le défi a pris l'apparence d'un concours baptisé "Soyez en forme pour la vie". Le jeu n'était pas obligatoire, mais les volontaires se sont révélés nombreux : 85 personnes.
Au printemps 2002, les participants se sont regroupés en équipes de cinq, et sont passés à la pesée. Chaque équipe s'est fixé un poids collectif à perdre. Et, trois mois après, est repassée sur la balance. Ceux qui ont rempli leur contrat ont gagné un jour de congé. Et l'équipe la plus amincie a obtenu, en plus, 50 dollars pour chaque membre. Ce fut, en l'occurrence, la team nommé "Cinq gros hommes sensibles" : moins 56 kilos. L'efficacité du programme, qui a dix-huit mois, est encore difficile à évaluer. Mais, d'ores et déjà, les salariés réunis ont perdu 275 kilos. Deux d'entre eux, victimes d'hypertension, n'ont plus besoin de prendre de médicaments. Et VSM Abrasives maintient le cap en offrant à ses troupes 100 dollars par an pour s'abonner à un club de gym ou adhérer à Weight Watchers.
Le concours collectif a, aujourd'hui, laissé place à un jeu individuel. Le salarié se pèse à intervalles de trois mois. S'il a perdu 2,5 kilos, il touche 25 dollars. Si, un an plus tard, les 2,5 kilos n'ont pas réapparu, il gagne un jour de congé et 25 dollars.
L'équipe dirigeante de VSM Abrasives s'est lancée dans l'aventure pour contrer les hausses de l'assurance santé. Depuis cinq ans, explique le Pdg, les coûts de la santé affichent, chaque année, une croissance à deux chiffres. Et les maladies liées à l'obésité, au cholestérol, à la tension, au diabète... se multiplient. En lançant son concours, Brent Barton, un grand mince, lui-même « fanatique de la forme », selon la responsable des relations humaines Stephanie August, espérait réduire les visites chez le médecin, l'absentéisme dans l'entreprise et les cotisations d'assurance santé. « Plus les salariés sont en bonne santé, plus ils sont contents et productifs », dit le Pdg.
Le programme lancé par VSM Abrasives reflète l'inquiétude des employeurs concernant la santé de leurs salariés. Le phénomène est si marqué que, cet été, un groupe de 175 employeurs américains a mis sur pied l'Institute on costs and health effects of obesity pour promouvoir un régime plus sain dans l'entreprise. Et des géants comme Microsoft, American Express, IBM... s'intéressent à ses travaux.
