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Des audits en partenariat avec la FIDH

SANS | publié le : 16.09.2003 |

Depuis 1999, Carrefour collabore avec la Fédération internationale des droits de l'homme pour faire évoluer les pratiques de ses fournisseurs. La méthodologie des audits et le choix d'accompagner plutôt que de rompre les contrats font l'originalité de ce programme.

Carrefour ? Un peu moins en retard que les autres » : concédée comme un aveu par Jean-Michel Bailly, chargé des campagnes du très offensif collectif de l'Ethique sur l'étiquette, cette sentence ne vaut pas quitus au distributeur français. Mais elle souligne, sans aucun doute, les efforts qu'il mène, depuis 1995, pour améliorer la qualité sociale de ses fournisseurs. Car l'association a la dent dure contre les multinationales du textile ou de la distribution, souvent coupables de fermer les yeux sur les pratiques de leurs fournisseurs des pays émergents.

Démarche originale

De fait, dans une démarche encore originale pour le secteur, Carrefour poursuit, avec la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), un partenariat qui vise à assurer le respect des grands principes de l'Organisation internationale du travail (OIT) (1) chez ses fournisseurs de bricolage, textile et chaussures. Une démarche d'audits sociaux chez ses producteurs d'Asie, entamée en 1995, ainsi que la création d'une charte d'engagement des fournisseurs, ont, ainsi, été légi- timées en 1999 par la collaboration avec l'ONG internationale : création d'une association commune, nommée Infans, d'un référentiel et d'un protocole d'audits. « Ce type de démarche n'a guère de crédibilité sans un partenaire externe », explique Roland Vaxelaire, directeur qualité et développement durable de Carrefour. L'enseigne s'est donc rapprochée de l'ONG, et a accepté ses conditions.

Elargir la démarche

« Carrefour nous a sollicités pour agir sur le thème de la suppression du travail des enfants, détaille Antoine Bernard, directeur exécutif de la FIDH. Nous avons considéré que la démarche était trop étroite et nous avons proposé de l'élargir à l'ensemble des règles de l'OIT. » D'autre part, la FIDH ajoute une clause sur la communication de ce partenariat, de sorte qu'elle ne soit pas utilisée dans le cadre d'informations commerciales.

Depuis 2000, 258 audits ont été menés au Bangladesh, en Chine, en Inde, au Pakistan, au Vietnam. Une partie des contrôles peut être réalisée par un comité externe, composé de membres de la FIDH et de Carrefour, ou par des organisations locales mandatées par lui. En outre, ces inspections peuvent être menées de façon inopinée, ce qui est particulièrement rare ailleurs, en général au nom du " respect des fournisseurs".

Méthodologie d'audit

« Nous avons voulu que la méthodologie d'audit corresponde à celle de nos autres enquêtes, précise encore Antoine Bernard. Par exemple, pas d'entretien dans l'usine sous l'oeil d'un contremaître, et une exigence de temps passé et de moyens. »

Autre avancée notable : les deux partenaires ne se satisfont pas d'une politique de rupture du contrat commercial avec les fournisseurs qui ne répondraient pas aux conditions imposées. Un désengagement de Carrefour n'a eu lieu que dans 3 % des cas depuis 2000. Dans 7 % des cas, la performance, excellente, ne justifiait aucune action correctrice. Mais chez 90 % des fournisseurs, l'audit s'est traduit par des demandes de modifications, avec ou sans audit de contrôle par la suite.

« Sur 3 000 actions correctrices, beaucoup concernaient l'hygiène et la sécurité, la liberté du personnel - avec la conservation de papiers d'identité ou l'absence de contrat écrit », énumère Roland Vaxelaire. Et le partenariat avec la FIDH incite à la recherche d'amélioration : si, sous trois mois, rien n'a évolué, l'ONG s'autorise à publier les informations recueillies sur le fournisseur indélicat de Carrefour.

Financements des modifications

Le financement de ces modifications, souvent modeste, a été endossé par le producteur. « Mais ces contrôles lui donnent un avantage sur d'autres acteurs locaux et peuvent lui offrir de nouvelles opportunités auprès d'autres donneurs d'ordres européens, de plus en plus sensibilisés à ces sujets », selon le directeur du développement durable de Carrefour.

(1) Supprimer l'esclavage, ne pas employer d'enfants de moins de 14 ans, rémunération décente, liberté syndicale, conditions de travail satisfaisantes, respecter l'égalité des chances.

CARREFOUR

Effectifs : 396 662 salariés.

Nombre de sites : 9 632 magasins dans 30 pays.

Chiffre d'affaires : 86 milliards d'euros.

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