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L'emploi, principale préoccupation de la rentrée

SANS | publié le : 09.09.2003 |

Jean-Pierre Raffarin a entamé, la semaine dernière, une série de rencontres avec les partenaires sociaux. Au menu des discussions, restructurations, mutations industrielles et employabilité.

Accablé par la catastrophe sanitaire du mois d'août, le gouvernement Raffarin vient de découvrir une nouvelle source d'ennuis : l'emploi. En un an, le nombre de chômeurs de catégorie 1 (le baromètre officiel) a progressé de 5,7 % et la plupart des économistes prédisent une détérioration du marché du travail, avec un taux de chômage de l'ordre de 10 % en fin d'année.

Mauvaises nouvelles

De fait, les mauvaises nouvelles s'accumulent. Depuis fin 2002, une trentaine de plans sociaux de grands groupes ont été annoncés (Altadis, Péchiney, Giat industries...), entraînant plus de 35 000 licenciements. Derniers épisodes en date, TAT Express, la deuxième filiale colis de La Poste, qui a annoncé, le 1er septembre, la suppression de 479 emplois (sur un total de 1 500) et la fermeture de 14 de ses 47 agences françaises. Le groupe Yoplait prévoit, de son côté, la disparition de 315 emplois (sur 2 000 personnes). Deux des quatre sites industriels du groupe sont concernés, Ressons-sur-Matz et Vienne, ainsi que le Centre de recherche à Ivry-sur-Seine et le centre commercial et marketing Yoplait-restauration.

Et encore, ce bilan ne tient pas compte des licenciements se déroulant hors plan social, soit 85 % des suppressions d'emploi. Des menaces pèsent également sur Air Littoral, le groupe Tati, la verrerie Daum et Futura France (Singer), toutes ces sociétés étant actuellement placées en redressement judiciaire.

Restructurations permanentes

Ce constat n'est pas un fait nouveau pour Jean-Pierre Aubert, qui vient d'être nommé à la tête de la mission interministérielle sur les mutations économiques (Mime), succédant, ainsi, à Claude Viet, qui avait pris ses fonctions à l'automne dernier. Pour cet expert, « les restructurations sont permanentes » et le retour de la croissance n'y changera rien. « On l'a vu avec Danone et Michelin, les entreprises continuent à se restructurer lorsqu'elles sont en bonne santé. Ma priorité sera de consolider les réseaux au niveau des territoires avec les élus locaux, les services publics, les partenaires sociaux et les collectivités locales pour anticiper ces mutations industrielles. »

Rencontres avec les partenaires sociaux

C'est dans ce contexte particulièrement tendu que le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a entamé, la semaine dernière, une première série de rencontres avec les partenaires sociaux sur le thème de l'emploi.

La CFE-CGC a ouvert les discussions, le 3 septembre, suivie, le lendemain, par la CFDT. Les rencontres se poursuivent jusqu'au 15 septembre, avec la CGT, la CFTC, FO et le Medef. D'emblée, Jean-Luc Cazettes, le président de la confédération de l'encadrement, a donné le ton, en souhaitant éviter « les mesures habituelles que sont les emplois aidés et la baisse des charges ». La confédération a mis l'accent sur l'employabilité pour anticiper la reconversion des salariés. Elle s'est également prononcée pour une intervention du gouvernement si aucun accord sur la formation professionnelle ne se dessine le 19 septembre, date des prochaines rencontres entre les partenaires sociaux (voir p. 12).

La CFDT, de son côté, se dit favorable à un « vrai » droit au reclassement pour tous. François Chérèque milite pour une obligation de résultat pour les plans sociaux, une plus grande responsabilisation des grandes entreprises vis-à-vis de leurs filiales et de leurs PME sous-traitantes, ainsi qu'une mutualisation de moyens pour les petites entreprises, notamment en favorisant la création de cellules paritaires de reclassement. C'est toutefois mal parti, le secrétaire général a, en effet, déploré n'avoir pas obtenu « de réponses réelles sur la politique de l'emploi du gouvernement », à la sortie de son entretien avec Jean-Pierre Raffarin, le 4 septembre dernier.

Pour Jacques Voisin, président de la CFTC, « il est temps que le gouvernement assume ses responsabilités en matière d'emploi ». C'est- à-dire qu'il investisse pleinement dans un vaste programme de création d'emploi, sans attendre le retour de la croissance. Selon lui, « les besoins sont là, dans l'artisanat, dans la santé... ».

Marc Blondel, le leader de FO, ne dit pas autre chose, en se déclarant partisan d'une relance de l'emploi industriel par le biais de crédits d'impôt ou d'aides publiques, notamment dans le secteur des biens d'équipement, comme « la climatisation ». « Plutôt que de s'attaquer uniquement aux plans sociaux, il est important de regagner du terrain dans le secteur industriel. L'industrie comptait 3,2 millions d'emplois en 1990 contre 1,8 million aujourd'hui. »

Hésitations

Reste à savoir quelles décisions prendra Jean-Pierre Raffarin à l'issue de ces rencontres. Le gouvernement s'est, en effet, montré plutôt hésitant depuis son arrivée au pouvoir. Car, si, au départ, il avait opté pour des coups de pouce aux entreprises (suspension du volet anti-licenciement de la loi de modernisation sociale, assouplissement des 35 heures...), il a ensuite donné la préférence, en mars dernier, au traitement social du chômage, avec la création du RMA (revenu minimum d'activité), la relance du CIE (contrat initiative emploi) ou encore la création du Civis, le pendant des emplois-jeunes. Les partenaires sociaux poursuivront, quant à eux, leurs négociations sur "le traitement social des restructurations", à partir du 8 octobre.

Agenda des rencontres syndicales de Jean-Pierre Raffarin

Jean-Luc Cazettes, CFE-CGC : 3 septembre.

François Chérèque, CFDT : 4 septembre.

Bernard Thibault, CGT : 8 septembre.

Jacques Voisin, CFTC : 10 septembre.

Marc Blondel, FO : 12 septembre.

Ernest-Antoine Seillière, Medef : 15 septembre.

Les restructurations en cours depuis dix mois ou programmées

En suppressions de poste.

Aéronautique

Astrium : 1 700 (Haute-Garonne)

Sogerma : 322 (Gironde)

Agroalimentaire

Altadis : 701 (multisites en France)

Groupe Doux : 560 (Finistère)

Groupe Gastronome : 429 (Finistère)

Yoplait : 315 (multisites en France)

Automobile

Matra Automobile : 945 (Loir-et-Cher)

Bâtiment

Muller TP : 400 (Moselle)

Chimie

Atofina : 300 (multisites en France)

Défense

Giat Industries : 3 750 (France)

Distribution

TAT Express : 479 (multisites en France)

Média

Canal + : 305 (Ile-de-France)

Métallurgie/sidérurgie

Alstom : 2 184 (multisites en France)

Groupe APM : 143 (multisites en France)

Metaleurop Nord : 830 (Pas-de-Calais)

Péchiney : 268 (multisites en France)

Sollac Atlantique : 830 (multisites en France)

Technologie de l'information/télécoms

Alcatel : 1 654 (multisites en France)

Daewoo-Orion : 550 (Meurthe-et-Moselle)

Hewlett-Packard : 1 106 (multisites en France)

Marine Télécom : 510

Solectron : 245 (Gironde)

STMicroelectronics : 575 (Ille-et-Vilaine)

Viasystems : 320 (Seine-Maritime)

Textile

Filature Mosley-Badin : 240 (multisites en France)

Jacquemard : 280 (Aube)

Transport

Air Lib : 3 200 (multisites en France)

Grimaud Logistique : 1 184 (Deux-Sèvres)