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DES METHODES INNOVANTES POUR créer de l'emploi

SANS | publié le : 09.09.2003 |

Hors des sentiers battus des mesures de masse pour l'emploi, des dispositifs peu connus mais innovants permettent de créer des emplois durables et de qualité dans les PME. Leur point fort : partir des besoins réels des entreprises.

Quel rapport entre le mouvement des Scop (Sociétés coopératives de production), le dispositif Ardan, qui trouve des porteurs de projets pour les PME, la méthode IOD, qui permet de proposer des postes en CDI à des chômeurs de longue durée, et le programme Alize, orienté sur le développement économique local ? Tous permettent à des PME de créer ou de préserver des emplois, aucun n'est une "mesure pour l'emploi".

« C'est l'activité qui crée l'emploi. Il y a, bien sûr, toujours un problème technique ou financier pour développer une activité, mais aussi toujours un problème humain : à qui confier le projet ? C'est pourquoi nous proposons aux entreprises des cadres demandeurs d'emploi capables de développer leur projet », indique Jean-Claude Bouly, directeur d'Ardan.

Besoins spécifiques

A l'autre bout du spectre, les entreprises ont aussi des besoins spécifiques sur des postes de non-cadres. C'est ce qu'ont bien compris les associations qui utilisent la méthode IOD (Intervention sur les offres et les demandes). Un travail fin sur la définition des postes leur permet de répondre exactement à la demande, tout en accomplissant une mission de service public puisque les embauchés sont des personnes jusque-là durablement exclues de l'emploi. Mieux, en discutant avec le chef d'entreprise, les chargés de mission de ces associations arrivent à faire émerger des besoins non pourvus.

« Il arrive que l'employeur ait une offre qu'il ne sort pas parce qu'il se dit que ça va lui prendre des heures, que ça va lui coûter de l'argent, qu'il ne sait pas faire », confirme Marie-Pierre Establie, directrice de la Maison de l'emploi de Rueil-Malmaison, qui a utilisé la méthode IOD. « La PME, c'est ça », ajoute cette adepte de la proximité des politiques de l'emploi.

Et c'est précisément dans les PME que se créent les emplois, comme le rappelle Jean-Marie Bergère, délégué général de Développement et Emploi (voir p. 23). D'où l'intérêt de tous ces dispositifs qui s'intéressent exclusivement à elles.

10 à 80 salariés

La cible du mouvement Scop, par exemple, est les entreprises en difficulté de 10 à 80 salariés en moyenne. Il aide ces derniers à reprendre leur entreprise sous statut Scop, après un audit financier et social. Là encore, c'est l'accompagnement de l'entreprise pendant la première année de sa reprise qui est gage de succès (80 % de réussites). Outre les emplois préservés, les créations d'emploi peuvent être au rendez-vous, comme cela a été le cas avec Sintech France, une entreprise reprise en Scop par ses 80 salariés, en 1994, et qui en compte 130 aujourd'hui.

Pas de financement type pour ces dispositifs, même si les pouvoirs publics sont toujours présents, sauf pour l'aide à la reprise en Scop.

Développement local

Quant au programme de développement local Alize, il présente l'originalité d'associer des financements privés de grandes entreprises aux moyens publics.

Souvent très ancrés localement, ces dispositifs ne génèrent pas des dizaines de milliers de postes. Mais le travail d'accompagnement déployé est souvent gage de pérennité des emplois et, même si ces dispositifs ne se présentent pas comme des mesures pour l'emploi, ils entrent dans les catégories jugées les plus efficaces par les chercheurs. « Les bonnes politiques de l'emploi sont celles qui remettent les gens dans des réseaux », observe Bernard Gazier, professeur à Paris-1 et spécialiste des politiques de l'emploi. Par ailleurs, les acteurs s'efforcent régulièrement à l'évaluation des dispositifs. La méthodologie Ardan a même été certifiée Afaq ISO 9001.

Niveau régional

Comment passer au stade supérieur ? Comment transférer et généraliser ces expériences ? La régionalisation, gage d'une plus grande proximité, permettra-t-elle de mieux coordonner tous ces dispositifs ? Pour Jean-Marie Bergère, la région est sans doute le bon niveau d'impulsion et de décision, mais, observe-t-il, « les institutions n'ont pas en elles-mêmes des vertus particulières. Il n'y aura pas de changement si les régions font, à leur niveau, ce que faisait l'Etat. C'est la logique qui doit changer, une logique qui associera plus largement des acteurs : publics, entreprises, voire associatifs. La région peut vraiment jouer un rôle dynamisant par rapport à toutes ces structures ».

L'essentiel

1 Ce sont les PME qui créent le plus d'emplois. Mais rechercher le bon profil demande du temps et de l'argent... ce qui fait parfois hésiter les employeurs, et le poste ne se crée pas.

2 Des dispositifs innovants, qui ont déjà fait leurs preuves, aident, soit les employeurs à définir leurs besoins, soit les demandeurs d'emploi fragilisés à s'intégrer durablement .

3 Très ancrés localement, ces dispositifs ne génèrent pas des milliers de postes, mais ils permettent un accompagnement de proximité qui favorise la pérennité des emplois.