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Des emplois préservés grâce au statut

SANS | publié le : 09.09.2003 |

Depuis plus de vingt ans, le mouvement des Scop (Sociétés coopératives de production) aide des salariés à reprendre leur entreprise en difficulté. Bilan : 80 % de réussite et des centaines d'emplois préservés.

Dépôt de bilan, redressement judiciaire : les 32 salariés de Métaclim, une entreprise dieppoise spécialisée dans l'étude et la fabrication de matériel de construction industrielle, s'apprêtaient, il y a trois ans, à aller pointer au chômage. « Pourtant, nous étions sûrs de la fiabilité de l'entreprise », souligne Hervé Neveu, à l'époque cadre dans l'entreprise et aujourd'hui directeur.

Reprise par les salariés

C'est l'administrateur judiciaire qui évoque l'idée d'une reprise de l'entreprise par les salariés, avec l'appui de l'Urscop (Union régionale des Scop) Ile-de-France-Normandie-Centre. Les contacts sont pris, un dossier monté et, deux mois plus tard, l'entreprise redémarre sous statut Scop, avec tous les salariés de l'unité de production de Dieppe. « Nous envisagions de ne redémarrer qu'avec une dizaine de salariés, mais nous avons eu l'opportunité, avec l'Urscop, d'accéder aux prêts Eden et à des prêts spécifiques du mouvement coopératif, qui ont limité les risques financiers », indique Hervé Neveu. Et comme les salariés le pressentaient, l'entreprise était une bonne affaire, passant d'un résultat net de 55 000 euros, fin 2000, à 122 000 euros, fin 2002. Et comme le prévoit le statut des Scop, une prime d'intéressement de 22 000 euros a été versée à tous les salariés (qui sont également associés), l'année dernière.

Vingt ans de soutien

Cela fait maintenant plus de vingt ans que le mouvement des Scop apporte un soutien aux salariés qui souhaitent reprendre leur entreprise en redressement judiciaire ou en liquidation. Après un audit "classique" de la société - potentiel, stratégie, état financier, capacité d'un des salariés à devenir patron -, et si l'avis est positif, le représentant Scop apporte une aide au montage juridique, aide à formuler une offre au tribunal, réalise un montage financier et trouve les financements.

Solidarité

La solidarité du mouvement Scop joue à plein dès le début : les patrons des Scop, dont le métier est en rapport avec l'entreprise en liquidation, participent à l'audit et certains financements proviennent du réseau des Scop, puisque chacune d'elles cotise au mouvement à raison de 3 pour 1 000 de son chiffre d'affaires. A apport financier égal, en cas de concurrence avec un autre repreneur, la solution Scop a souvent la préférence des tribunaux : les salariés deviennent sociétaires et ne peuvent plus être licenciés.

Accompagnement

Dernière étape, et non la moindre, du soutien du mouvement Scop : l'accompagnement. « Nous allons une à deux fois par mois dans l'entreprise. Notre objectif est d'apporter nos compétences là où nous pensons qu'il peut y avoir quelques petites carences. Nous sommes également attentifs à bien asseoir le dirigeant dans son rôle, nous sommes là lors des premiers conseils d'administration et nous apportons une formation aux administrateurs et aux associés », indique Sylvie Nourry, responsable du développement de l'Urscop Ile-de-France-Normandie-Centre, l'entité qui réalise le plus de reprises. Ce suivi, qui peut durer jusqu'à quatorze mois, explique sans doute le taux de réussite des reprises en Scop : 80 %.

Pour Sylvie Nourry, la force des Scop est aussi de ne pas dépendre des aides de l'Etat. Une indépendance qui limite toutefois son intervention : « Nous fonctionnons bien avec 10 reprises par an, nous ne pourrions pas en faire 20. » Au total, cela représente, pourtant, plusieurs centaines d'emplois préservés, sans compter les créations et les emplois induits.

LES SCOP

> De 2 à 1 200 salariés (taille moyenne : 22 salariés), dans 1 600 PME.

> 34 000 salariés co-entrepreneurs.

> 1 500 emplois créés, en moyenne, chaque année.

> Chiffre d'affaires : 2,9 milliards d'euros.