Parce que le handicap au travail est un sujet trop peu abordé dans les cycles de formation RH, l'association spécialisée dans l'accompagnement vers l'emploi du public handicapé, OHE 75, a pris son bâton de pèlerin et rencontré, sur les bancs de l'école, les futurs décideurs de la fonction personnel.

« J'ai souvenir, lorsque j'étais étudiant en ressources humaines, que le recrutement des handicapés m'avait été présenté comme une entorse à la liberté d'embauche, explique Sébastien Mortreux, responsable de cette structure. Il existe, effectivement, des obligations légales qui s'ajoutent à quantité de peurs et de préjugés qu'il faut faire tomber. » Autant, donc, s'y attaquer avant même qu'ils ne se forment.

« Notre première tâche a été d'identifier notre futur public. Avec une cinquantaine de 3es cycles spécialisés en RH, sur la région parisienne, nous nous sommes fixé comme objectif ambitieux de sensibiliser quelques-uns des 2 000 étudiants qui y sont inscrits, grâce à une soixantaine de rencontres étalées sur 2003, année européenne des personnes handicapées », précise Sébastien Mortreux.

Restait à convaincre les directeurs d'établissement et les directeurs pédagogiques de laisser, pendant deux heures, deux chargés de mission débattre d'une problématique hors programme.

« Plutôt qu'une conférence, nous préférions nous intégrer dans un cours pour être sûrs d'avoir un auditoire plus nombreux, sachant, en effet, que notre thème "Handicap et entreprises" n'est pas forcément très vendeur. »

Finalement, l'accueil a été plutôt enthousiaste. En neuf mois, d'octobre à juin, quelque 700 étudiants, inscrits dans 24 universités ou organismes franciliens, ont écouté de larges exposés résumant le cadre légal régissant le handicap au travail, les dispositifs d'insertion, les différentes formes de handicap, illustrés de bonnes pratiques et de témoignages de salariés handicapés.

« Nous avons, ensuite, débattu très longuement des perceptions de chacun, des difficultés d'intégration et des discriminations, énumère Sébastien Mortreux. Le tout sans langue de bois. Si ces étudiants étaient, pour nombreux, naïfs, ils n'étaient jamais indifférents. » Pour preuve : une petite dizaine d'étudiants ont choisi le thème du handicap et de l'insertion pour leur futur mémoire.

« Notre but est simple : qu'ils se rappellent de nous et que, le jour où ils seront à la tête d'une DRH, ils ne freinent pas des quatre fers à la seule évocation du mot handicapé. » D'autres interventions devraient suivre ; 80 % des établissements ayant déjà ouvert leurs amphis à OHE 75 sont partants pour renouveler l'expérience auprès des nouvelles promotions. Et, si le budget de l'association le permet, elles pourraient dépasser les frontières de l'Ile-de-France.