La fonction ressources humaines paierait-elle un prix plus élevé que les autres dans la vague actuelle des restructurations ? », s'interrogeait le cabinet Towers Perrin, dans sa lettre d'information, TP News, de mai dernier, observant de nombreux licenciements de DRH, directeurs du développement ou comp & ben... Deux raisons expliqueraient cette tendance : la perception d'une faible valeur ajoutée de la fonction RH, qui serait, en outre, vue comme le "messager des mauvaises nouvelles". Et le cabinet d'exhorter, toujours et encore, les DRH à faire la démonstration de leur valeur ajoutée afin de jouer un rôle de véritable business partner auprès de leur direction...

Le leitmotiv semble, en tout cas, avoir été bien compris des responsables de 3es cycles en ressources humaines. Ils sont de plus en plus nombreux, ainsi, à axer leurs programmes en direction des professionnels de la fonction, appelés justement à développer son rôle stratégique.

« Le principal enjeu de la formation en ressources humaines, assure, ainsi, Jean-Marie Peretti, président de l'AGRH (association des enseignants en RH), est celui de la formation des hauts potentiels, destinés à assurer la relève des DRH, qui seront nombreux à partir en retraite dans les prochaines années. »

Le mastère spécialisé en RH à temps partagé, qu'il a lancé en avril dernier à l'Essec, tout comme le mastère "management stratégique des RH" d'HEC, dirigé par Charles-Henri Besseyre des Horts, s'adressent, ainsi, à des professionnels de la fonction âgés, en moyenne, de 35 à 37 ans, RRH ou spécialistes d'un domaine (recrutement, formation, rémunérations...), envoyés par leur entreprise, afin d'acquérir « une dimension plus généraliste et une capacité à devenir de véritables partenaires d'affaires », d'après Jean-Marie Peretti. Pas étonnant donc que l'IGS ait retouché il y a quelques mois le contenu pédagogique de son 3e cycle à temps partiel, "management et développement des ressources humaines". « Nous souhaitons que nos stagiaires appréhendent parfaitement le côté stratège que revêt aujourd'hui la fonction de DRH, explique Odile Brimbal-Poirot, directrice du cycle. A cette fin, nous les faisons travailler sur les mécanismes de pouvoir et de décision, la sociologie des organisations... »

D'une manière plus générale, les 3es cycles RH visant les cadres en activité se développent. Le mastère "responsable ressources humaines", qui ouvrira ses portes à l'automne à l'ESC Toulouse, bien que destiné aussi aux étudiants, se déroulera exclusivement en part-time (deux jours toutes les deux semaines ; le reste du temps, en mission en entreprise). Quant à l'IAE de Strasbourg, qui propose quatre DESS de GRH, il a clairement fait le choix de mettre l'accent sur la formation continue : « Détenir un troisième cycle est aujourd'hui incontournable pour atteindre les plus hauts niveaux de responsabilité en RH, estime, en effet, sa directrice, Pia Imps. Même les professionnels qui possèdent les compétences requises viennent chercher la sanction du diplôme. »

Quant aux cursus s'adressant aux étudiants en formation initiale, ils s'efforcent, eux aussi, de faire la part belle à l'expérience de terrain, notamment par le biais de l'apprentissage.

C'est le cas, par exemple, au Ciffop, où Frank Bournois, son directeur, estime qu'une formation RH doit apporter aux étudiants « un socle de contenus, certes, mais aussi un socle de comportements, qui ne s'acquièrent que sur le terrain, et enfin, un socle d'enseignements destinés à leur permettre d'évoluer, pour, à terme, devenir cadres supérieurs ou dirigeants ». D'où, par exemple, l'importance donnée par de nombreux troisièmes cycles à la dimension internationale de la fonction.

Ces nouvelles exigences, attendues des formations en RH, expliquent que la question de leur qualité soit, par ailleurs, au coeur des préoccupations des responsables de programmes.

« Améliorer la lisibilité des 3es cycles RH est essentiel pour faciliter le choix tant des étudiants que des recruteurs, affirme Frank Bournois. A l'heure actuelle, n'importe quelle formation peut être intitulée "3e cycle de ressources humaines ". Même le titre de DESS ne suffit pas : s'il constitue un garde-fou en termes de niveau, il ne l'est pas quant au contenu. Une faculté d'ethnologie peut fort bien rebaptiser l'un des ses diplômes "DESS RH" pour faire plus vendeur, alors même que les enseignements sont assurés à 80 % par des ethnologues, auxquels sont adjoints deux ou trois professionnels. » D'où la démarche lancée l'année dernière par quelques responsables de DESS et mastères de grandes écoles, réunis au sein de l'association Références RH, en vue de créer un label qualité. Une démarche toutefois interrompue par la réforme européenne des diplômes d'enseignement supérieur (voir l'article ci-contre).

D'ici à 2007, tous les DESS devront basculer dans le système du "master", diplôme en deux ans suivant la licence. Les DESS de GRH pourront, ainsi, se transformer soit en option de 2e année dans le cadre d'un master général de management, soit en master de "pure GRH ", sur deux ans. La première solution semble la plus probable. En raison des économies d'échelle permises par la mise en commun d'enseignements, tout d'abord. Mais aussi pour une question de sélection : la première année de master étant ouverte à tous les titulaires de licence, la sélection actuellement réalisée par les DESS ne pourra avoir lieu qu'à l'entrée en 2e année. Et enfin, comme le rappelle Frank Bournois, « parce que les DRH devront, désormais, avoir une formation généraliste en management ».

1 Qu'ils s'adressent à des professionnels de la fonction ou à des étudiants en formation initiale, les 3es cycles RH ont l'ambition de former des DRH capables de devenir de véritables partenaires d'affaires.

2 Afin de garantir le niveau de qualité de leurs enseignements, une charte de qualité est lancée, dès cette rentrée, par l'association Références RH, en attendant la création d'un label.

3 Les formations de courte durée, quant à elles, restent fortement marquées par les problématiques d'actualité. En 2003-2004, la gestion des seniors tient la vedette.