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Dix ans au service des ex-salariés du textile

SANS | publié le : 02.09.2003 |

Mise en place par les partenaires sociaux pour ne durer que trois ans, l'association champardennaise, dédiée à l'accompagnement des salariés licenciés du textile, fête ses dix ans d'existence.

Action n'en finit pas de jouer les prolongations. Et pour cause, cette association champardennaise, promise à ne durer que trois ans, souffle, aujourd'hui, ses dix bougies.

Nous sommes en 1991. Le secteur du textile commence à montrer des signes de faiblesse. Les délocalisations se multiplient, tout comme les restructurations qui s'ensuivent. A lui seul, ce secteur emploie alors 25 000 salariés et fait tourner près de 300 entreprises de toute taille sur la région Champagne-Ardenne.

Lieu de rencontre et de dialogue

A cette époque, l'Unit, émanation locale de l'Union des industries textiles, syndicat patronal, commence à réfléchir sur le sort prochain des salariés du secteur. Deux ans et plusieurs réunions entre partenaires sociaux plus tard, l'association paritaire Action (Association champardennaise textile d'intervention et d'observation) voit le jour - précisément, en septembre 1993 - à Troyes (10), subventionnée par l'Etat et la région et aidée par la communauté de l'agglomération troyenne. Son but : proposer aux personnes licenciées ainsi qu'aux entreprises en activité un lieu de rencontre et de dialogue. Son périmètre ? La région, sachant que le gros des troupes est concentré autour de Troyes.

Conserver le savoir-faire

« Les partenaires sociaux avaient en tête de réserver aux salariés du textile un traitement spécial. Non pas qu'ils sous-estimaient le travail de l'ANPE, mais ils voulaient leur donner un plus », précise Gilbert Mouge, directeur d'Action depuis 1994. Autre motivation et non des moindres : conserver le savoir-faire de ces salariés partant vers d'autres secteurs.

Initialement, la structure était « en contrat à durée déterminée » pour trois ans. Les fondateurs pensant que, d'ici là, les choses s'amélioreraient. « Ils ont eu tort d'avoir raison trop tôt », commente Gilbert Mouge.

Restructurations et fermetures

Sans attendre, les premiers dossiers arrivent sur le bureau de l'équipe dirigeante d'alors, constituée de Patrick Leborgne (président, Unit), Jean-Marie Cagnart (secrétaire général, Unit), Jean-Claude Hazouard (CFDT) et Bernard Mathieu (FO). Il est question des plans sociaux de Doré Doré (chaussant) et de EO (confection). Au total, près de 120 salariés vont perdre leur emploi. Action recrute, alors, deux spécialistes des ressources humaines (ils sont cinq aujourd'hui) pour réaliser l'accompagnement des licenciés. Etat des lieux du parcours professionnel, rédaction du CV, bilan et projet professionnels... « Nous suivons les personnes pour une durée minimale de huit mois et il n'y a pas de durée maximale ! Nous sommes là autant que de besoin », insiste Gilbert Mouge. Selon les dossiers, c'est la Direction départementale de l'emploi ou l'entreprise qui prend en charge les prestations de l'association.

Si, au début, Action se limitait aux restructurations des entreprises de moins de 50 salariés, ce n'est plus le cas aujourd'hui. La filière textile n'a, en effet, jamais vraiment redressé la tête, si bien « que nous sommes toujours là. Il y a eu la fermeture de Jules et Julie, fin 1994, puis les plans sociaux de Benetton, Guillot, Agofroy, Sorotex, Jacquemard... », énumère le directeur de l'association.

Aujourd'hui, Action fait partie du paysage politique, économique et social de la région. Sa légitimité n'a jamais été remise en cause. Pour preuve, elle travaille avec les spécialistes du reclassement comme la Sodie et a remporté, l'année dernière, un appel d'offres lancé par l'ANPE, pour devenir l'un de ses prestataires référencés. Plus que jamais, l'association s'anime au travers de partenariats : ANPE, Direction départementale du travail, bien sûr, mais aussi lycées, associations locales. Tout est bon pour travailler en réseau.

Prospection

Autre orientation : la prospection, engagée dès 1998. Mais la tâche est rude. Comment, en effet, connaître les futurs besoins des chefs d'entreprise en matière de compétences, lorsque ces derniers n'ont aucune visibilité de leur prochaine activité ? Qu'importe, Action maintient le cap, sans jamais sortir de ses prérogatives. Ainsi, lorsque la métallurgie l'a contactée pour s'occuper de ses salariés, elle a préféré refuser. Son secteur, c'est le textile, et il y a encore fort à faire. « Il n'y reste plus que 7 500 salariés et force est de constater que les carnets de commandes sont peu remplis », déplore Gilbert Mouge, qui espère beaucoup des promesses de l'industrie du textile à usage technique et de la désignation, par le gouvernement, de Romilly-Nogent, l'un des proches bassins d'emploi, au nombre des contrats de site.

ACTION

Création : septembre 1993.

Effectifs : 6 personnes dont 4 consultants.

Personnes reçues en entretien : 3 000.

Ex-salariés accompagnés : 1 579, dont 75 % de femmes, principalement ouvrières.

Taux moyen de reclassement : 60 %, dont la moitié dans le textile.