logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Messier réclame au tribunal son parachute doré

SANS | publié le : 26.08.2003 |

Jean-Marie Messier, ex-Pdg de Vivendi, se bat pour récupérer des indemnités, alors que Pierre Bilger, ex-patron d'Alstom, rembourse sa prime de départ. Controverse sur les sommes mirifiques octroyées aux patrons d'entreprises en difficulté.

L'affaire des parachutes dorés des grands patrons d'entreprises en difficulté a tout d'un succès médiatique de rentrée : sommes faramineuses, feuilleton à rebondissements et imbroglio juridique. Ainsi, la controverse qui oppose Jean-Marie Messier au groupe Vivendi, qu'il a dirigé jusqu'en juillet 2002, est-elle relancée depuis le 18 août dernier, par une nouvelle comparution devant une juge de Manhattan. Celle-ci, à la demande de Jean-Marie Messier, doit se prononcer sur la position d'un conseil arbitral américain (composé d'anciens juges et d'experts) qui, en juin dernier, avait jugé légitime le versement d'une indemnité de 20,5 millions d'euros à l'ancien Pdg de VU. Elle se donne jusqu'à 90 jours pour statuer.

Bataille juridique

Ces énormes indemnités avaient été négociées par deux administrateurs de Vivendi, en juillet 2002, alors que la situation financière catastrophique du groupe faisait naître des rumeurs de faillite. Mais l'accord n'avait pas été présenté au conseil d'administration ni aux actionnaires. Un élément sur lequel s'appuie l'actuelle direction du groupe pour refuser, conformément au droit français, d'octroyer le parachute en or massif.

L'affaire tourne, aujourd'hui, à la bataille de chiffonniers, par tribunaux interposés : à Manhattan, une décision favorable permettrait à Jean-Marie Messier de faire saisir un actif de VU aux Etats-Unis. Jean-René Fourtou, actuel Pdg du groupe, ne l'entend pas de cette oreille. Il a allumé un contre-feu en assignant J2M devant le tribunal de commerce de Paris, réclamant des dommages et intérêts de 23 millions d'euros, soit le montant des indemnités controversées additionné des frais de justice, et en obtenant de geler les sommes concernées, ce qui met VU en mesure de saisir les biens de Jean-Marie Messier en France.

Rémunérations en hausse

Dans ce contexte, l'attitude de Pierre Bilger, l'ancien Pdg du groupe Alstom, qui renonce à ses indemnités de départ de 4 millions d'euros, contraste. C'est une première en France, souligne Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires. Alstom, proche de la faillite, sera recapitalisé par l'Etat.

Deux attitudes différentes qui relancent le débat sur les parachutes dorés. Selon une étude de l'Institut européen de la gouvernance d'entreprise (ECGI) de Bruxelles, auprès de 300 sociétés, les patrons français ont largement rattrapé leurs collègues anglo-saxons et sont, aujourd'hui, plus grassement payés, en moyenne, que leurs homologues européens. En 2002, les rémunérations des patrons d'entreprises du CAC 40 ont augmenté de 13 %, à 2,07 millions d'euros, alors que le CAC chutait de 33 %.