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Un management sous cloche de verre

SANS | publié le : 15.07.2003 |

Arc International a fait de son management à l'ancienne, d'où affleure un brin de paternalisme, un atout face à la globalisation de l'économie.

De la Verrerie-cristallerie d'Arques (VCA) à Arc International, plus de soixante-dix années ont passé. La PME, qui comptait 300 salariés dans les années 20, est devenue un groupe international employant 16 000 personnes dans le monde, dont 11 300 sur le site d'Arques, dans le Pas-de-Calais. Les clients du leader des arts de la table se trouvent dans 160 pays et 80 % du chiffre d'affaires est réalisé à l'export. Le groupe a acquis des sites de production à l'étranger : aux Etats-Unis, en Espagne, en Chine, et peut-être, bientôt, en Iran. Pour bien marquer cette nouvelle dimension, le groupe a changé de nom, en 2000, pour devenir Arc International.

Politique sociale

Mais il a conservé, sur son site principal et historique d'Arques, une politique sociale tout a fait particulière, que Pascal Ryckelynck, DRH adjoint, résume en trois phrases : « L'homme est au coeur de nos réflexions. Chacun doit pouvoir s'accomplir dans sa profession. Tout n'est pas économique dans nos prises de décision. » Mais qu'on ne lui parle pas de paternalisme...

Arc International reste cependant toujours l'employeur à vie. On y entre à 18 ans pour en sortir à l'âge de la retraite. On y travaille souvent aux côtés d'un père ou d'un oncle. Le principal critère de recrutement, pour les postes peu qualifiés, est d'avoir quelqu'un de sa famille déjà employé dans L'usine de monsieur Durand, titre d'un remarquable documentaire de Saléha Gherdane (production Point Fixe), récompensé au festival du Creusot.

Médaille du travail

Chaque 1er mai, les salariés les plus anciens se voient remettre la médaille du travail. Pour rien au monde, Philippe Durand, le Pdg, troisième Durand à la tête de cette entreprise, entrée dans le giron familial en 1897, ne déléguerait cette tâche : « Souvent, la mairie s'en charge ; dans notre cas, nous préférons le faire nous-mêmes », commente Pascal Ryckelynck. La scène filmée par Saléha Gherdane, montre un patron souriant, appelant les salariés par leurs nom et prénom, et se prêtant volontiers à une petite séance de photos avec ceux qui le lui demandent. La cérémonie, très ritualisée, commence immanquablement par la Marseillaise, que les salariés écoutent debout, et se poursuit par une harangue du Pdg. Souvent contre les 35 heures. « Défendez votre entreprise lorsqu'elle est attaquée », déclare-t-il.

Modèle social

Dans une économie globalisée, où joue à plein la concurrence des pays à faible coût de main-d'oeuvre, et alors que l'entreprise rencontre quelques difficultés, ce modèle social est un atout, selon Pascal Ryckelynck. En avril dernier, l'entreprise, qui n'a jamais recouru à un seul licenciement économique, qui n'a jamais connu un seul jour de grève, et où règne en maître un syndicat "autonome", a dû mettre en place un plan de sauvegarde de l'emploi. Pas de licenciements prévus, mais un reclassement interne pour 204 personnes. « Aujourd'hui, sur ces 204 personnes à muter, il n'en reste que 13 à n'avoir pas encore changé de poste, se réjouit Pascal Ryckelynck. Je ne suis pas certain que nous serions parvenus à ce résultat aussi rapidement sans une confiance réciproque. » Fidèle à la tradition de management de proximité de l'usine, il déclare avoir rencontré personnellement la moitié de ces salariés. « Si nous ne pouvons plus garantir un métier, du moins nous efforçons-nous de garantir un emploi », explique-t-il.

ARC INTERNATIONAL

> Effectifs : 16 000 salariés dans le monde, dont 11 300 sur le site d'Arques.

> Chiffre d'affaires 2001: 1,5 milliard d'euros.

> Sites de production : 5, en France, en Espagne, en Italie, en Chine et aux Etats-Unis.