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La Tchéquie à l'entrée de l'Europe

SANS | publié le : 15.07.2003 |

Ce petit pays de dix millions d'habitants navigue entre réformes libérales, pour profiter des investissements étrangers, et mesures sociales pour amortir le choc du changement de régime ainsi que, désormais, celui de l'adhésion à l'Union européenne.

Alors que la République tchèque a voté à 77 % son entrée dans l'Union européenne, le 14 juin dernier, la marche accélérée de ce pays de 10 millions d'habitants vers l'économie de marché a laissé de nombreux salariés sur le bord du chemin, la législation sociale se caractérisant par un mélange de libéralisme du Code du travail et de protection sociale assez généreuse.

Après 1989, la privatisation des entreprises nationales et le déclin des entreprises traditionnelles ont fait exploser le chômage. « La productivité a augmenté de 35 % entre 1997 et 2001, et les salaires de plus de 12 % », explique-t-on à la mission économique de l'ambassade de France à Prague. Parallèlement, le chômage est passé de 5 % à 9,6 % aujourd'hui.

Négociations collectives

« En 1991, sont intervenues les premières réformes sur la négociation collective, rappelle Kristina Koldinska, assistante à la faculté de droit de Prague. Mais il n'y a pas obligation de négociation dans le Code de travail, qui énumère seulement une série de possibilités. La négociation collective d'entreprise ne devient obligatoire qu'avec l'apparition d'une organisation syndicale. » Mais les adhésions aux syndicats, autrefois courroie politique dans l'entreprise, ont largement chuté dans les années 90, bien qu'ils se soient totalement réformés. « Les Tchèques sont diplomates et ils craignent de perdre leur travail s'ils bougent », regrette Milan Stech, président de CMKOS, la principale confédération du pays.

Consensus

De fait, les mouvements sociaux, y compris les simples débrayages, sont ici exceptionnels, et on joue le consensus avec les employeurs dans les entreprises. Tout comme ce syndicaliste d'une usine de verrerie, au nord de Prague, qui regarde du même oeil inquiet que son patron l'évolution du dollar. « Si elle devient trop défavorable pour nos exportations, il sera difficile de négocier des augmentations cet automne », explique-t-il. « Les rémunérations sont, en général, la seule revendication, commente, par ailleurs, un entrepreneur français. Car, comme dans beaucoup de pays d'Europe de l'Est, l'ouverture s'est traduite par un énorme appétit de consommation. »

Le temps de travail est de 40 heures par semaine (plus les heures supplémentaires). Mais, alors que l'intérim n'est pas autorisé, la flexibilité du travail est assurée par la possibilité de recourir sans contrainte aux CDD. Néanmoins, les employeurs demandent plus de souplesse pour licencier.

Filets de sécurité

En parallèle de ces réglementations d'inspiration plutôt libérale, le pays a élaboré des filets de sécurité pour amortir le choc de la déréglementation dans les années 90. « Diverses allocations permettent souvent d'atteindre un niveau assez proche du salaire minimum de 180 euros environ », estime un observateur. D'autre part, un régime de couverture collective des arrêts maladie, pris en charge au premier jour, explique, en partie, un absentéisme moyen de 17 %.

Le gouvernement prépare une réforme des finances publiques. « Notre déficit budgétaire atteint 7 % du PIB, il faut agir », prévient Zdenek Stromach, le ministre des Affaires sociales et du Travail. Il compte couper dans les dépenses publiques, diminuer de 6 % le nombre de fonctionnaires, limiter les avantages fiscaux de certaines professions et lutter contre le travail au noir.