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SE FORMER EN JOUANT

SANS | publié le : 01.07.2003 |

L'année 2002 a marqué un net coup d'arrêt dans le développement du marché des prestataires de pédagogies ludiques (jeux, théâtre...). Mais, parallèlement, l'utilisation de ces pédagogies différentes dans les séances de formation en entreprise continue de s'étendre.

Lannée 2002 a été très difficile pour les producteurs de jeux pédagogiques et autres pédagogies ludiques, analyse Chantal Barthélémy-Ruiz, consultante spécialiste dans ce domaine. C'est normal, vu la conjoncture. La réduction de la voilure est très nette, mais on ne note ni casse, ni défaitisme. ça repartira. »

La 8e édition du salon spécialisé dans les pédagogies ludiques, Ludimat Expo, qui était organisée dans le cadre du salon Solution ressources humaines à Paris, en mars dernier, témoignait de ce ralentissement. Les visiteurs présents étaient, comme les autres années, très désireux de goûter les jeux, de les tester et de faire leur choix. Mais l'offre n'était pas au rendez-vous : moins de stands, moins d'exposants. « Ce n'est pas faute de créativité, analyse Chantal Barthélémy-Ruiz. Car le marché voit apparaître de nouveaux créateurs. En France, on paie toujours très cher le matériel technique nécessaire à une formation. Mais le coût d'un support pédagogique ludique, souvent bien moins élevé, fait tiquer. Au final, les pédagogues les plus créatifs ne sont pas valorisés. 2002 et 2003 seront des années de transition et de réflexion. »

Deux stratégies

En fait, les entreprises de jeux pédagogiques semblent avoir, en ce moment, deux stratégies gagnantes : celle des petites structures, présentant un seul jeu pérennisé et rentabilisé, ou celle des structures plus importantes, qui se lancent dans la diffusion de jeux faits par d'autres, ou qui exportent leur jeu de son domaine technique d'origine pour le reproduire sur d'autres thématiques.

Parmi les pédagogies ludiques, le recours au théâtre fait toujours un carton. Les prestataires de théâtre d'entreprise étaient, toutefois, assez peu présents au dernier Ludimat. En revanche, ils seront certainement tous là au Festival international du théâtre d'en- treprise (Fite), à l'automne prochain.

« Faire du théâtre d'entreprise a été très lucratif, analyse Chantal Barthélémy-Ruiz. Mais la formule s'est un peu fourvoyée, elle s'est parfois laissée aller à la facilité. Aujourd'hui, les professionnels prennent conscience que l'acte théâtral ne suffit pas. »

Gérer l'après-jeu

Le cabinet CAA, qui utilise également cette modalité, reconnaît, par la voix de son directeur, Yves Blanchard, que « faire du théâtre pour se faire plaisir n'a aucun sens. Une fois le problème soulevé par l'acte théâtral, tout commence. L'entreprise qui passe commande doit ensuite gérer le problème révélé publiquement ». Une analyse que confirme Chantal Barthélémy-Ruiz : « L'après-jeu est plus important encore que le moment du jeu. C'est l'instant du transfert à la réalité, du pontage avec le réel. C'est là qu'on valorise l'action de jouer, par la verbalisation et l'analogie. »

Une formule mieux admise

Face à des prestataires un peu déprimés, quelle est l'attitude des entreprises vis-à-vis de ces pédagogies différentes ? Bien que l'engouement français ne soit pas à la hauteur de celui qu'on peut constater aux Etats-Unis ou en Allemagne, il faut bien reconnaître que les entreprises hexagonales s'y sont mises, et que la formule effraie moins.

Reste, malgré tout, un zeste de gêne vis-à-vis du jeu en formation. Certaines entreprises, pourtant consommatrices, de longue date, de démarches ludiques, n'aiment pas avouer qu'elles les utilisent ! Ainsi, plusieurs d'entre elles n'ont pas voulu répondre à nos questions. Parmi elles, le cas d'une grande enseigne de la distribution, dont la responsable formation a éludé nos demandes au prétexte que « si les clients savaient que nos vendeurs et vendeuses sont parfois formés via des démarches ludiques, ça ne ferait pas sérieux ». Elle n'avait pourtant aucune preuve tangible à avancer. Sa réaction repose sur le même a priori qui pousse d'autres entreprises à refuser de s'interroger sur l'intérêt de cette pratique.

Réelle conviction

A l'inverse, les responsables d'entreprise et les responsables formation qui témoignent, dans ce dossier, de leur utilisation des pédagogies ludiques, principalement des jeux de formation, le font, le plus souvent, avec une réelle conviction. Parce qu'ils sont profondément persuadés de l'intérêt de la formule, et parce qu'ils ont convaincu leur direction et les salariés.

L'essentiel

1 2002 et 2003 s'annoncent comme des années de transition et de réflexion pour les prestataires de pédagogies ludiques.

2 Bien que l'engouement des entreprises françaises ne soit pas à l'égal de celui des entreprises américaines ou allemandes, elles se sont mises, elles aussi, à ces pédagogies différentes.

3 Le recours aux pédagogies ludiques repose encore souvent sur l'initiative d'une seule personne, qui doit convaincre directions et salariés de l'intérêt de cette pratique.