E & C : L'ANDCP (Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel) a rendu publics, la semaine dernière, une série d'amendements au projet de réforme des retraites. Quels sont-ils ?

D. C. : Nous n'avons pas attendu la réforme actuelle pour nous exprimer sur le dossier des retraites. En 2001, déjà, nous avions formulé 7 propositions tendant à modifier substantiellement l'architecture du régime général et des régimes publics. Parmi les amendements avancés, deux ont une portée très large et sont originaux. Tout d'abord, reporter la mise à la retraite d'office à 65 ans pénalise le salarié mais, aussi, l'employeur. Il conviendrait plutôt de prévoir une sortie à une date négociée entre l'employeur et le salarié, dès lors que ce dernier a acquis la totalité de ses droits. Le salarié ne serait pas obligé de continuer à travailler s'il n'en a pas envie et l'entreprise disposerait de manière anticipée des informations utiles à la gestion de ses ressources humaines.

Le second amendement touche à la pénibilité. L'ANDCP propose que les critères de pénibilité soient négociés dans le cadre interprofessionnel national. Ce premier niveau permettrait d'éviter des dérives corporatistes et trop de disparités. C'est seulement dans un deuxième temps qu'une négociation de branche pourrait identifier, sur la base des critères retenus, les métiers présentant ces caractéristiques. Précisons que nous souhaitons que ces critères soient objectifs et réversibles selon l'évolution du monde et des conditions de travail.

E & C : Que vont devenir ces amendements ?

D. C. : L'ANDCP a souhaité, avec ces propositions, se situer par rapport au projet Fillon et par rapport au débat parlementaire. Néanmoins, nous avons conscience que le gouvernement a placé la barre très haut pour ce qui concerne la recevabilité des amendements. Si celui sur la pénibilité a ses chances, nous craignons que celui sur la mise à la retraite avant 65 ans ait peu d'écho.