On savait nos contemporains souvent malades de stress, mais Nicole Aubert va plus loin, elle sort du cadre des pathologies individuelles pour évoquer une véritable perversion sociale : à l'heure de la course au profit, tout doit aller de plus en plus vite sans que jamais aucune limite ne soit assignée à cette folle course contre la montre.

Faire mieux en moins de temps n'ouvre pas la porte à une logique de la rétribution de l'effort, mais bien à un nouveau cycle de progrès au cours duquel il faudra faire encore mieux, et ainsi de suite.

L'auteur incrimine les taux de rentabilité de l'ordre de 15 %, qui sont devenus la règle en matière d'investissement et qui entraînent le salariat, dans son ensemble, dans la logique infernale du "toujours plus". Les cadres, notamment, sont soumis à jet continu à une pression qui corrode lentement mais sûrement les rapports sociaux et le caractère, quand elle ne conduit pas, tout simplement, à la dépression.

Le comble est que cette accélération du temps se fait au détriment des cycles longs. Le nez sur le guidon, les intéressés ne peuvent qu'accélérer la cadence sans même avoir l'opportunité d'apercevoir qu'ils se dirigent, et avec eux, peut-être, la société toute entière,... droit dans le mur !

Mais l'auteur, sociologue et psychologue, professeur à l'ESCP, n'omet cependant pas de souligner que cette logique détraquée du profit ne va pas sans jouissance pour qui, un temps, peut vivre dans l'illusion mégalomaniaque de maîtriser et le temps et l'angoisse de mort qui nous habite tous.