Après la bulle financière, voici venu le temps de dénoncer la bulle technologique. Non pas celle des valeurs technologiques, mais le doux rêve de tous ceux qui ne jurent que par les nouvelles technologies (NTIC), Internet et autres intranets !

Certes, il n'est pas question, pour Yves Lasfargue, de prôner un retour aux plumes d'oie et aux manches de lustrine, mais bien d'aller regarder le travail et le travailleur posté derrière l'écran.

Que découvre-t-il ? Un tableau nettement moins reluisant que celui des batteries d'ordinateurs high-tech censées symboliser les temps futurs. Selon lui, en effet, la maîtrise de ces technologies repose sur un apprentissage permanent pour lequel tout le monde n'est pas prêt. Au surplus, toutes les professions ne requièrent pas de traiter de l'information numérisée à distance. Il faut donc oser maintenir et créer des emplois "hypo-technologiques".

Concernant les conditions de travail, les TMS (troubles musculo-squelettiques) sont le syndrome de la société de l'information. Par ailleurs, si Internet et les NTIC abolissent le temps, leur utilisation est chronophage et, malgré les apparences, il faut multiplier les déplacements pour coordonner les activités, etc. S'il n'est pas question pour l'auteur de nier la pertinence de l'outil informatique, point n'est besoin non plus, selon lui, de se hâter de faire basculer la société dans le tout-numérique.

Yves Lasfargue dirige l'Observatoire des conditions de travail et de l'ergostressie, après avoir été expert auprès du Commissariat général du Plan et auprès de la Communauté européenne.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et rapports sur l'impact des technologies.