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le rapport qui accuse

SANS | publié le : 24.06.2003 |

Le rapport de la commission d'enquête parlementaire consacrée à la débâcle d'Air Lib est sans appel pour Jean-Charles Corbet, l'ex-Pdg de la compagnie aérienne.

Malversation ou erreurs de gestion ? La commission d'enquête parlementaire sur la débâcle d'Air Lib, présidée par Patrick Ollier, député UMP, n'a pas voulu trancher la question. Mais elle n'a pas voulu non plus se limiter à une simple condamnation morale. Le volumineux rapport (900 pages) a été transmis au procureur de la République de Paris. Une première. « Nous considérons que certains faits avérés sont susceptibles d'être qualifiés pénalement. » Des faits pouvant même relever de l'abus de bien social.

La menace est bien réelle pour Jean-Charles Corbet, l'ex-Pdg d'Air Lib, qui avait repris, le 27 juillet 2001, AOM-Air Liberté, par le biais d'Holco, une société créée à cet effet. A cette époque, le tribunal de commerce de Créteil avait privilégié le projet de l'ex-pilote, dans une logique de sauvegarde de l'emploi. Mais l'euphorie du nouveau dirigeant a été de courte durée. Très vite, le 11 septembre vient pénaliser le développement de l'activité aérienne et Air Lib plonge dans le rouge, jusqu'à sa liquidation, le 17 mars dernier, provoquant 3 400 licenciements.

Faits suspects

Pendant trois mois, la commission a remonté le fil de cette aventure et mis en lumière des « faits suspects ». Elle a auditionné 27 personnes et entendu 45 témoins. Qu'est-il exactement reproché à Jean-Charles Corbet ? La liste des défaillances est longue. Concrètement, la commission accuse l'ex-Pdg d'Air Lib d'avoir perçu une rémunération de 1 337 127 euros bruts, dont une prime d'arrivée, un "Golden Hello", de 855 904 euros, soit 1 234 269 euros nets, alors que son entreprise était en redressement.

La commission suspecte également Jean-Charles Corbet d'avoir touché de confortables sommes par le transfert, au sein de sa holding, d'actifs immobiliers et de montants de plusieurs millions d'euros placés dans des filiales d'Holco au Luxembourg (Holco Lux) et aux Pays-Bas (Mermoz).

Le gouvernement Jospin en cause

Autre acteur mis en cause : le gouvernement Jospin. La commission pointe du doigt la légèreté du gouvernement de l'époque, qui a octroyé, en février 2002, un prêt de 30,5 millions d'euros à la compagnie, dans des « conditions manquant de sérieux », alors que le dépôt de bilan était prévisible. Qui plus est, dès novembre 2001, Air Lib a cessé de payer la part patronale des charges sociales, puis a étendu ses défauts de paiement à l'ensemble des créanciers publics à partir du premier trimestre 2002.

Au total, 130 millions d'argent public ont été engloutis, sans compter les 100 millions d'euros destinés aux indemnités de licenciement et aux mesures de reclassement. Selon la commission, le tribunal pourrait décider que Jean-Charles Corbet comble le passif, le tribunal de commerce pouvant étendre la liquidation judiciaire d'Air Lib à d'autres filiales d'Holco, encore en activité.