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Sauvegarder l'e mploi, en attendant la reprise

SANS | publié le : 17.06.2003 |

A Saint-Nazaire, 200 PME sous-traitantes des Chantiers navals vont participer à Cap Compétences, un programme de formation exceptionnel lancé à la fois par Alstom Marine, les organisations professionnelles et les pouvoirs publics et locaux.

J'usqu'ici, Saint-Nazaire vivait sur un petit nuage. Fin 2000, Alstom Marine voit ses carnets de commandes grossir, une cinquantaine de paquebots à livrer, dont plusieurs géants des mers comme The Legend of the Sea ou le Queen Mary II. Les Chantiers mettent alors en place une structure d'organisation bien ficelée, associant à leur projet une myriade de sous-traitants locaux qui se voient confier les travaux d'équipement des bateaux, la pose de câbles, de conduites de ventilation, ou encore l'aménagement des cabines.

Aucune commande

En 2002, de 7 000 à 8 000 salariés travaillaient, ainsi, dans ces PME. Mais leur nombre pourrait diminuer. Car de sombres nuages s'amoncellent au-dessus des Chantiers. Aucune commande de paquebot n'a été enregistrée depuis février 2001, alors que la dernière livraison interviendra au premier trimestre 2004. De quoi fragiliser les plus petites structures et surtout celles très dépendantes de leur donneur d'ordres.

Contexte de sous-charge

« Il ne faut pas que tout le monde disparaisse avant la reprise du marché, assure Philippe Bouquet-Nadaud, DRH d'Alstom Marine, qui table sur un retour de l'investissement dans la croisière pour 2005-2006. C'est dans ce contexte de sous-charge qu'Alstom Marine a donc décidé de lancer Cap Compétences, un plan de formation qui associe les 200 sous-traitants régionaux. Objectif : les aider à acquérir de nouvelles compétences pour accompagner les plans de progrès et les efforts de diversification de leur entreprise.

Ce projet pourrait mobiliser de 35 à 40 millions d'euros de septembre 2003 à décembre 2004. Il devrait associer le Fonds social européen, l'Etat, les Opca de la métallurgie (Opcaim), l'Opca du bâtiment (Opca bâtiment) ainsi que l'Agefos-PME et les collectivités locales.

Soutien régional

C'est ainsi que le conseil régional des Pays de la Loire a décidé d'investir 4 millions d'euros sur deux ans et que le département de Loire-Atlantique, de son côté, participera à hauteur de 1 million d'euros. « La formation professionnelle est une des compétences de la région, souligne Jean-Luc Harousseau, président de la région. C'est pourquoi il nous a paru utile de soutenir ce programme et d'agir, en amont, pour permettre aux PME de tenir bon pendant un an. Autrement dit, de faire de cette période de sous-charge, non pas une année perdue, mais une année utile à tous ».

Diagnostic et plans d'action

Le budget de cette opération devrait se répartir, respectivement, entre un tiers pour les Chantiers de l'Atlantique et deux tiers pour les fournisseurs. Concrètement, Cap Compétences se déclinerait en deux axes. Après une première phase de diagnostic construit par une association d'ingénierie de formation lyonnaise, Caporalp, déjà active dans Cap Performances, un autre programme d'Alstom Marine (voir Entreprise & Carrières n° 656), Cap Compétences pourrait proposer plusieurs plans d'action portant sur la diversification des activités des sous-traitants. L'acquisition de nouvelles compétences techniques, qualitatives et linguistiques (formation à l'anglais, notamment) est aussi au programme pour permettre aux sous-traitants de répondre à d'autres appels d'offres, notamment européens. La plupart de ces actions seront déclinées « par des actions de formation, notamment des formations qualifiantes, reconnues par la validation des acquis professionnels », ajoute Daniel Bahuaud, chef de projet de Cap Compétences.

Démarche appréciée

Qu'en pensent les intéressés ? Ils apprécient la démarche. Pour Michel Pigrée, chargé d'affaires, en charge de ce programme au sein de l'Atelier Formespace, une PME de 16 salariés spécialisée dans la serrurerie-métallurgie, cette opération constitue un atout important. « C'est un système gagnant- gagnant, indique-t-il. Ce programme permet de garder en vie des sous-traitants, et même si, à l'avenir, nous travaillons moins avec les Chantiers, il permet de démultiplier les possibilités de formation à un niveau que nous n'aurions jamais pu atteindre. Notre budget ne dépasse pas 1 500 euros par an ! » Toutefois, l'Atelier Formespace n'a pas attendu l'annonce de ce projet pour prendre le virage de la diversification. Depuis deux ans, l'entreprise a réduit sa dépendance vis-à-vis des Chantiers, passant de 90 % à 35 % de son activité.

2 000 salariés concernés

D'ailleurs, Alstom Marine se défend de vouloir faire de Cap Compétences un "dispositif anti-chômage". « Ces 22 millions d'euros, répartis entre 200 entreprises, n'empêcheront pas les PME de mettre en place un plan social ou d'effectuer des licenciements, précise Philippe Bouquet-Nadaud. Ce n'est pas une mesure de substitution à une crise économique grave. » Mais, en attendant, près de 2 000 salariés des fournisseurs d'Alstom Marine seront concernés par ce programme d'ici à 2005. Le temps, pour les Chantiers de doper leur marché.