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Les crèches d'entreprise séduisent à nouveau

SANS | publié le : 17.06.2003 |

Considérée comme un gouffre financier, la formule de la crèche d'entreprise était tombée aux oubliettes. Elle réapparaît, aujourd'hui, à la faveur du coup de pouce gouvernemental qui vient soutenir financièrement les entreprises qui prennent ce type d'initiative.

Le concept des crèches d'entreprise n'est pas nouveau. Certaines entreprises s'y sont essayées, mais elles sont plus nombreuses à avoir abandonné qu'à avoir persévéré. Il semble, toutefois, que l'idée refasse son apparition, à voir les nombreux projets en cours.

Il faut dire que les adeptes de la formule ont rallié de nouveaux partisans. Pour preuve, l'annonce faire par le gouvernement, le 29 avril dernier, lors de la Conférence de la famille, du déblocage de 200 millions d'euros par l'Etat, dès 2004, au profit d'un "plan crèches" et de la création d'un crédit d'impôt permettant aux entreprises de déduire de leurs charges (à hauteur de 60 %) les dépenses annuelles engagées dans des dispositifs facilitant la vie des parents de jeunes enfants.

Une aide bienvenue

Un sérieux coup de pouce donné, entre autres, aux crèches d'entreprise. Et il est le bienvenu. En effet, il existe, aujourd'hui, 90 places disponibles en crèche pour 1 000 enfants. Or, la configuration démographique a évolué, avec près de 800 000 naissances en 2002, soit 37 000 de plus que dans les années 90, et plus de 2 millions d'enfants de moins de 3 ans. Sans compter les besoins exponentiels des familles monoparentales, qui représentent, selon la Direction de la recherche et des statistiques du ministère des Affaires sociales, une famille sur six (+20 % depuis le début des années 90).

Plusieurs freins à la mise en place

Cela étant dit, créer une crèche d'entreprise n'est pas facile. « Deux obstacles refroidissent les employeurs : un processus de mise en route non formalisé et très long, de l'ordre de deux à trois ans ; un coût de lancement (de 150 000 à 180 000 euros hors local) et de fonctionnement prohibitif (autour de 400 000 euros) », énumère David Fillon, chef de projet de Crèche Attitude, une jeune entreprise qui propose de rationaliser le principe de la crèche d'entreprise et de développer un service de création et de gestion de crèches en entreprise clés en main. Autre frein : le cadre réglementaire rébarbatif. En effet, une crèche est obligée de mettre à la disposition du quartier au moins 30 % de ses places et de se constituer en association si elle veut bénéficier des subventions de la Caisse d'allocations familiales (CAF). Par ailleurs, le besoin d'une crèche dépend de la pyramide des âges de l'entreprise. Qu'en faire lorsque sa population vieillit ?

Un rôle social

Pas étonnant, donc, qu'il n'existe que 224 crèches d'entreprise répertoriées en France. Pour autant, l'idée séduit toujours. « Elle a trait au rôle social de l'entreprise et à son image, à la promotion de l'égalité professionnelle et à l'accompagnement des femmes dans le monde du travail », souligne Maïlys Cantzler, présidente de Crèche Attitude.

La crèche Smartville

Autant d'enjeux qui ont poussé Gilbert Konrath, président de la fédération métallurgie CFE-CGC de Moselle et délégué syndical de Smart France, à prendre son bâton de pèlerin pour convaincre de l'utilité d'une telle initiative pour les salariés de Smartville : « J'ai commencé par en parler à la CAF et à la sous-préfecture. Ensemble, nous avons étudié le projet en cernant les besoins. » A l'appui : une enquête réalisée auprès des 2 000 salariés de Smartville (Smart France + 12 équipementiers implantés à moins de 40 mètres de la chaîne finale de montage). « Elle nous a confirmé les problèmes de garde d'enfants et a révélé la naissance, en 2002, de 150 enfants sur la zone. »

Finalement, c'est la communauté d'agglomérations Sarreguemines Confluences qui a pris en charge le dossier. Une crèche ouvrira bien ses portes, fin 2004, à 500 mètres du site de production. Sur les 60 places, 42 seront réservées aux enfants des salariés des entreprises de l'Europole de Sarreguemines, en horaires décalés, de 5 h 30 à 22 h 30, « afin de se caler aux emplois postés ». Côté financement, les 1,2 million d'euros nécessaires au démarrage proviennent de la communauté d'agglomérations Sarreguemines Confluences, de la Caf, du conseil régional et de différents fonds européens. Quant aux frais de fonctionnement, ils sont estimés à 700 000 euros annuels ; la structure intercommunale en prenant un quart à sa charge. Pour l'heure, les employeurs et les quelque 13 CE concernés restent discrets sur leur éventuelle participation.

Trois projets de crèche interentreprises

Cette formule de crèche interentreprises reste la plus viable, selon Gilbert Delahaye, président de l'Association nationale de développement des emplois de service (Ades) et responsable du développement durable de Casino, « à une condition, que la législation permette, enfin, à un opérateur privé de bénéficier du financement des Caf ». Aujourd'hui, l'Ades accompagne trois projets de ce type : à Pau (lire ci-dessous), à Saint Herblain/Nantes et à Angers. « Ils font suite à la signature d'une convention-cadre, en février 2002, entre le ministère délégué à la Famille, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, et l'Ades pour le développement de l'accueil collectif de la petite enfance dans les zones d'activité », précise Gilbert Delahaye. Et ils ne sont pas les seuls. La crèche interentreprises du parc d'activité de Gémenos (13) est, ainsi, opérationnelle depuis 1999. Elle a été construite grâce aux entreprises. Une autre ouvrira en janvier prochain, cette fois sur la technopole d'Atalante (35), comptant 7 000 salariés, avec la contribution de nombreuses entreprises et l'Organisation inter-CE solidaire de Rennes.

Reste, enfin, une autre formule, moins lourde : celle qui consiste, pour l'entreprise, à réserver des places dans des crèches communales déjà existantes. C'est l'option choisie par Airbus Industrie, qui propose une vingtaine de places à ses salariés dans deux crèches proches de son site de Blagnac (31).

L'essentiel

1 Seulement 90 places pour 1 000 enfants sont, aujourd'hui, disponibles dans les crèches associatives.

2 Différents dispositifs gouvernementaux visant à soutenir, dès 2004, les entreprises dans leur projet de crèche, relancent cette formule jusqu'ici délaissée.

3 La crèche interentreprises semble être le modèle d'avenir. Quatre établissements devraient ouvrir leurs portes dans les douze prochains mois.