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SANS

Cothurne

SANS | publié le : 10.06.2003 |

Deux bureaux face à face, séparés par des plantes.Une jungle, devrais-je dire, tant on a mis de soin à installer un rideau de verdure épais et quasiment infranchissable. Une sorte de frontière entre les deux espaces personnels. Une frontière ou un mur de Berlin ? Puisque j'audite dans ce service de gestion des approvisionnements d'un groupe industriel, autant en profiter pour tenter de décrypter les moeurs agrestes de cette tribu...

Entretien avec l'une des deux antagonistes.

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« C'est devenu difficile. Pendant longtemps, j'ai cru qu'on s'entendait bien. Jamais un mot plus haut que l'autre. Plein de petits services rendus spontanément : répondre au téléphone, grouper les déplacements pour les copies, se taper le standard quand la fille du bas est malade, et tout ce genre de trucs. Chocolats à Noël, oeufs de Pâques et cartes postales à chaque vacances. La cohabitation parfaite. Pas de quoi hurler de rire ni sauter de joie, mais pour un couple de bureau, pas si mal, quand on voit les autres. Et surtout, quand on compare à aujourd'hui ! »

Soupir. La nostalgie fait rage. Que s'est-il donc passé ?

« Il y a deux ans, le chef de service a changé. Exit le fondateur du service, pater familias de son équipe, connaisseur de tous les rouages de la maison, de tous les fournisseurs, de tous les traquenards. Souvent bougon, mais toujours servia- ble. Quelquefois pagailleux. Pas toujours dans les temps. Mais grand démineur de conflits. Nous avons été contents de son départ. Bêtement, il faut bien le dire. Nous attendions un vent frais de changement. Nous avons eu la tempête ! »

Quelle tempête, et quel rapport avec le mur végétal ?

« Dès son arrivée, le nouveau patron a voulu remettre de l'ordre. Bon, il faut dire que c'était indispensable. On l'a fait venir pour ça. Mais, au contraire de son prédécesseur, c'est plutôt un allumeur de conflit qu'un grand conciliateur. Du genre qui divise pour régner ou met les gens en concurrence. Bref, résultat des courses, on s'est trouvés entraînés dans des guerres de tranchées. Chacun dans son camp, avec la peur de donner l'air de trahir. Depuis un an, on ne se parle même plus. On s'envoie des mails ! Et je suis sûre qu'on en souffre autant l'une que l'autre. Ridicule, non ? »

Pitoyable, plutôt. Mais, pour une fois, peut-être quelques conseils ?

1. En position de management, je n'ai pas à me faire bêtement "l'écho du contexte". On voit immédiatement le dégât sur les équipes. Et la perte d'efficacité.

2. En position de "cohabitation" dans un même bureau, toute dérive fusionnelle est le début du conflit larvé. Et ce n'est pas le rideau végétal qui peut arrêter les aigreurs, les rancunes et les hostilités...

3. Et, enfin, l'appartenance à une équipe ne doit jamais déterminer les relations personnelles qu'on peut avoir avec quelqu'un d'une autre équipe concurrente ou hostile : Horaces ou Curiaces, supportons-nous quand même !