La difficulté à acquérir une première expérience, le chômage récurrent, tels sont les deux aspects les plus visibles du rapport des jeunes à l'emploi. Ce sont d'ailleurs ces traits les plus évidents qui justifient les dispositifs "jeunes" mis en place par les pouvoirs publics. Cependant, le niveau de formation initiale, l'origine sociale, le réseau de relations et le sexe sont autant de facteurs qui différencient grandement les intéressés. Concernant la formation, notamment, alors que les performances des filles sont meilleures que celles des garçons, l'intégration de ces derniers dans la sphère professionnelle semble souvent plus facile. De même, alors que les jeunes qui ont quitté tôt l'école trouvent difficilement à se placer, certains, issus de formations prestigieuses, sont assurés de trouver un emploi directement au sortir de leur formation.

Tous les jeunes ne sont donc pas logés à la même enseigne. Mais, plus profondément encore, la catégorie "jeune" n'est pas identique selon l'endroit où l'on se trouve. Alors que les politiques de l'emploi jeune, en Angleterre, ciblent souvent les 16-17 ans, on est "jeune" sur le marché de l'emploi jusqu'à 32 ans en Italie. A la limite, c'est tout simplement la pertinence de cette catégorie que l'on pourrait remettre en question. La jeunesse relativement à l'insertion professionnelle a-t-elle un sens ? Ne faudrait-il pas plutôt considérer le temps le parcours vers l'emploi, voire une segmentation sociale en fonction de la formation initiale et du milieu d'origine ?

Le mérite de Florence Lefresne, c'est de n'éviter aucune de ces questions délicates, qui permettent de comprendre quelle place notre société, en général, et les entreprises, en particulier, réservent aux juniors. Au final, un texte dense, clair et précis.

Florence Lefresne est agrégée de sciences sociales, docteur en sciences économiques et chercheur à l'Ires (Institut de recherche économiques et sociales).