Les intérimaires allemands ont un statut unique en Europe : ils ne sont pas embauchés pour la durée de leur mission, mais salariés de l'agence (les plus importantes en Allemagne sont Randstad, Manpower et Adecco) qui les place, ensuite, en entreprise.

« Il y a quelques années encore, les contrats à durée indéterminée étaient la règle, se souvient une salariée du secteur, employée par l'une des plus grosses agences allemandes. Aujourd'hui, nous proposons de plus en plus de CDD, surtout aux personnes ayant une qualification très pointue, ou rarement recherchée par nos clients. Les secrétaires bénéficient toujours, dans l'ensemble, de CDI. »

Seule restriction prévue par la loi, la mission ne peut être renouvelée qu'une fois chez le même client. Une restriction théorique, car beaucoup d'intérimaires sont embauchés par le client. Entre deux missions, l'intérimaire est prié de rester chez lui. « Il doit simplement être joignable par téléphone à tout moment », précise notre interlocutrice, dont l'une des missions est de maintenir le taux d'inactivité entre 3 % et 5 % en moyenne, pour les 20 000 à 25 000 intérimaires salariés que compte son agence en Allemagne.

Les ouvriers d'usine constituent le plus gros contingent d'intérimaires, même si l'essentiel du chiffre d'affaires des agences est réalisé par le placement d'ingénieurs et de techniciens.

L'intérim en Allemagne doit connaître, dans les mois à venir, d'importantes mutations. Une nouvelle réglementation prévoit, en effet, que les intérimaires devront bénéficier, à compter de 2004, des avantages de la convention collective des salariés du tertiaire. Ce qui se traduira par des hausses de salaire pour les travaux à faible niveau de qualification et risquera de rendre le coût du travail intérimaire trop élevé pour de nombreux postes d'ouvriers.