logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Une prise en compte difficile en Guyane

SANS | publié le : 20.05.2003 |

L'Aract et la DTEFP aident les entreprises guyanaises à mettre en place leur document unique de prévention des risques.

En Guyane, le décès, l'automne dernier, de deux hommes électrocutés sur un chantier de construction à Cayenne marque encore les esprits. L'inspection du travail avait relevé « une méconnaissance totale des règles élémentaires de sécurité et de protection des salariés ». Ce constat n'est pas une exception en Guyane. Des secteurs comme ceux de la pêche, de l'or et du BTP ont tendance à recourir à de la main-d'oeuvre bon marché originaire des pays voisins (Brésil, Surinam, etc.), sans toujours la déclarer. Dans ce contexte, l'action de sensibilisation sur les risques professionnels menée par l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract) et la Direction du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DTEFP) prend tout son sens.

Particularisme

Les entreprises avaient jusqu'au 7 novembre 2002 pour se mettre en conformité avec le décret du 5 novembre 2001, et ainsi établir un document unique recensant tous les risques professionnels inhérents à un poste de travail. En Guyane, elles bénéficient d'un sursis jusqu'à la fin de l'année 2003. « Le tissu économique guyanais est particulier. La majorité des entreprises, composées de moins de cinq salariés, souvent autodidactes, ne disposent pas des compétences et du temps nécessaires pour mettre en place cette démarche », explique Raymond Cicéron, directeur de l'Aract en Guyane. Par ailleurs, confrontées à des difficultés de trésorerie, elles n'ont pas les moyens d'investir pour mettre les équipements aux normes. Hormis dans les entreprises phares du centre spatial de Kourou, le document unique n'a pas encore été finalisé. Pour soutenir les chefs d'entreprise, l'Aract a mis en place, avec la DTEFP, une formation collective pour les aider à définir des priorités, à découper l'entreprise en "unités de travail" et, ensuite, à évaluer les risques.

Dialogue social difficile

François Masfaraud, directeur général adjoint de Béton contrôlé du littoral (BCL), une société qui emploie 60 salariés, a participé à ces formations. Il a, par ailleurs, mis en place un comité de pilotage, qui se réunit une fois par semaine, pour aborder la question de la prévention des risques professionnels. Pour lui, l'élaboration du document unique est la suite logique d'une démarche sur l'amélioration des conditions de travail et d'optimisation de la production. Il avait ainsi prévu d'investir pour adapter l'outil de production et former le personnel.

BCL se caractérise, comme la majorité des entreprises du BTP de Guyane, par un personnel constitué d'une mo- saïque de populations. « Le dialogue social est déjà difficile. Mais la sensibilisation aux risques professionnels l'est encore plus, car il faut former à chaque nouvelle embauche, à chaque changement de poste, en tenant compte de la langue et de la culture », déclare François Masfaraud, qui regrette l'absence sur place de formations adaptées.