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SALARIES HANDICAPES

SANS | publié le : 20.05.2003 |

Le nombre de salariés handicapés n'atteint pas le taux de 6% imposé par la loi aux entreprises. Les réticences culturelles sont les freins les plus forts. Pourtant, les entreprises qui ont recruté du personnel handicapé constatent des retombées positives dans l'environnement de travail.

Avez-vous souvent croisé un ou une collègue travailleur handicapé au cours de votre vie professionnelle ? Avez-vous souvent embauché une personne handicapée ? Les réponses sont le plus souvent négatives. Bien sûr, on peut discuter sans fin du degré et de la nature du handicap, et penser que certains de nos collègues ou de nos employés sont handicapés sans qu'on le sache et, parfois, sans qu'eux-mêmes l'avouent. Mais un fait est clair : les personnes handicapées ne font pas souvent partie de notre environnement de travail.

Depuis 1987, la loi impose aux entreprises d'employer, à temps partiel ou plein, 6 % de travailleurs handicapés dans les établissements de plus de 20 salariés. Quinze ans plus tard, la réalité n'est pas à la hauteur des attentes, puisque ce chiffre serait de 4,1 % en 2002, et encore est-il sujet à discussion ; 37 % des entreprises assujetties à cette obligation n'emploient aucun travailleur handicapé. Les fonctions publiques, bien qu'elles soient, elles aussi, contraintes par cette loi, mais sans principe d'amende, sont loin d'être exemplaires en la matière.

Faible niveau de formation

Les chômeurs handicapés restent deux fois plus longtemps au chômage que les valides. Leur niveau de formation est souvent insuffisant. Les travailleurs handicapés dans les établissements de travail protégé (ateliers protégés, centres d'aide par le travail) accèdent rarement au milieu ordinaire de travail...

Craintes

Trois facteurs expliquent cette mauvaise insertion professionnelle des personnes handicapées dans le monde de l'entreprise : une faible intégration scolaire au-delà du primaire, des orientations fréquentes vers le "secteur protégé" , la crainte, de la part des entreprises "ordinaires ", d'embaucher des personnes handicapées.

Et pourtant, à écouter les DRH et les responsables d'entreprise qui ont déjà recruté des personnes handicapées (voir p. 24), il n'y a pas tant de difficultés et les retombées sont souvent bénéfiques pour tous. Dans un premier temps, ne serait-ce qu'en utilisant les moyens mis à disposition par l'Agefiph ( Association de gestion des fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) et par ses partenaires, et en menant une politique de sensibilisation des futurs collègues à la question, l'ouverture peut se faire.

C'est au cours de cette année, décrétée année européenne des personnes handicapées, que le président de la République, Jacques Chirac, a pris des engagements, afin qu'un projet de loi « pour accroître l'égalité des chances des personnes handicapées » voit le jour, d'ici à la fin juin prochain.

Taux en augmentation

Un fait est certain : l'insertion professionnelle des personnes handicapées va devenir de plus en plus pro- blématique. En 2030, la population générale aura stagné, alors que la population handicapée, elle, aura doublé. En effet, plus on vieillit, plus le risque de handicap augmente. L'allongement de la vie et le départ plus tardif à la retraite risquent d'avoir pour conséquence de voir davantage de personnes handicapées dans l'univers professionnel.

Un problème culturel

Au-delà des aspects techniques, politiques et réglementaires d'obligation ou non de former et d'embaucher des personnes handicapées, tous les spécialistes de ce sujet estiment que le coeur du problème est, en France, d'ordre culturel. « Il faut que les mentalités et les visions fantasmatiques vis-à-vis du handicap et des personnes qui en sont victimes changent », assurent-ils unanimement.

L'essentiel

1 L'insertion professionnelle des personnes handicapées reste en deçà de ce qu'impose la loi.

2 Pourtant, à écouter les entreprises qui ont embauché des personnes handicapées,les retombées sont souvent bénéfiques pour tous.

3 Les réticences culturelles et les peurs sont les freins les plus forts. Alors que de nombreuses aides techniques et financières existent.

4 Les lois encadrant l'insertion professionnelle des personnes handicapées pourraient être revues cette année.