La loi de l'offre et de la demande est la règle d'or de l'échange. Même Marx, ce critique radical du système capitaliste, n'en a jamais douté. Cependant, derrière les échanges, sont présents les sujets de l'échange et il ne faudrait pas l'oublier. Telle est, en tout cas, la pensée de Maurice Obadia, convaincu que le monde des objets n'a de sens que comme support d'un monde de relations entre les personnes. Sa thèse révolutionnaire ne manque ni d'originalité ni de force. Il est vrai que les possessions ne valent que dans un réseau signifiant de rapports humains, où l'avoir semble parler de l'être. Où posséder, c'est exister à ses propres yeux comme à ceux des autres. Au surplus, ce facteur humain sous-jacent aux échanges mercantiles peut devenir, dans certains cas, le but avoué de l'économie.

C'est le sens de cette "économie humaine" vers laquelle tendent les lois et les mouvements sociaux. Dans un sens, on peut même dire que l'idéal de notre temps consiste en l'avènement de ce monde où l'humain serait la valeur finale. Cependant, il semble y avoir loin de la coupe aux lèvres. Entre l'époque qui proclame la finalité de l'humain et la réalité de l'exploitation de l'homme, le fossé semble irrémédiable. "Prêcher" l'humain se révèle même souvent une simple antienne marketing. Et l'on peut reprocher à Maurice Obadia de prendre les voeux pieux pour des promesses de lendemains qui chantent. Pourtant, même si l'économie fleurit de la réification des rapports humains, il n'est pas inutile de rappeler, voire d'espérer, que derrière ces "rapports", continue de se profiler l'Homme.

Maurice Obadia est docteur en économie, consultant indépendant et conférencier. Il accompagne des dirigeants d'entreprise, des managers et leurs équipes dans leur démarche de changement.

Il est l'auteur de plusieurs essais dont L'économie désargentée, Le prix du rêve et Sortir de la préhistoire économique.