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Incertitudes autour d'un plan social « exemplaire »

SANS | publié le : 20.05.2003 |

Un an après sa fusion avec Compaq, Hewlett-Packard est en train de finir de digérer son ancien concurrent. Dernier épisode en date, un plan social pour le moins atypique, puisqu'il ne mécontente personne ; ni la direction, ni les salariés, ni les syndicats. Mais des incertitudes demeurent.

En juillet 2002, la direction française de Hewlett-Packard annonce qu'elle supprime 1 206 postes sur 6 082. Six mois plus tard, elle a trouvé 1 204 volontaires au départ, avec la bénédiction des syndicats. Ils ont accepté, au cours du comité d'entreprise du 11 avril dernier, le principe du volontariat, afin d'éviter d'en passer par de douloureuses désignations.

Au début de ce mois de mai, une bonne partie de ces salariés avaient déjà quitté leur travail, avec une indemnité allant de 25 000 à 250 000 euros selon l'ancienneté. Ils bénéficient, en outre, d'une aide au reclassement de douze mois. Parmi les volontaires, 264 bénéficieront d'une cessation anticipée d'activité. Ils recevront de 90 % à 95 % de leur salaire, à condition d'être âgés d'au moins 53 ans au 31 octobre 2004 et d'être parvenus à sept ans de leur retraite à taux plein. Ce plan social est entièrement financé par HP. De source syndicale, l'entreprise a mis sur la table « au moins 200 millions d'euros ».

Avec cet équilibre numérique parfait entre les postes supprimés et les volontaires au départ, l'affaire semble réglée. La direction n'hésite pas à parler de plan social « exemplaire ». Michel Soumet, délégué syndical central CGT, refuse ce qualificatif, mais admet, tout de même, qu'« en comparaison de celui de Metaleurop [où les ex-salariés ont reçu 15 000 euros, NDLR], ce n'est pas un mauvais plan social ».

Des départs en trop

Le problème est que tous les partants n'occupaient pas un poste supprimé. Il y a eu, ainsi, 150 départs de trop chez les commerciaux. A l'inverse, des salariés occupent encore actuellement des postes supprimés. La direction des ressources humaines, qui n'a pas souhaité s'exprimer, doit donc orchestrer un immense jeu de chaises musicales.

D'ici au 19 juin prochain, 312 personnes vont être reclassées en interne. Une première phase "libre", au cours de laquelle les salariés se positionneront sur les 591 postes ouverts sur l'intranet, se déroule du 28 avril au 23 mai. En parallèle, la DRH leur suggère des pistes. Suit une phase "directive", pour les non- reclassés, jusqu'au 19 juin. Les propositions d'affectation seront formulées par la DRH, qui consultera le comité de suivi en cas de litige. Les salariés ayant refusé la proposition de la direction seront licenciés dans les conditions du plan social.

Un recrutement de 150 personnes

Mais, selon Michel Soumet, tous ne recevront pas forcément une proposition. Les salariés auxquels la direction n'aura proposé aucun poste entreront, d'après le délégué, « dans une phase de reclassement à long terme » en clair, ils ne seront pas licenciés mais pourraient connaître une période « sans travail à effectuer ».

Par ailleurs, la direction s'est engagée à recruter 150 personnes d'ici à avril 2004 pour combler les postes non supprimés laissés vacants par les volontaires et non pourvus par les reclassements. A court terme, dix managers commerciaux devraient être embauchés.

Malgré tout, les reclassements internes inquiètent les syndicats. « HP n'a jamais assuré l'employabilité des salariés, faute d'une véritable politique de formation », déclare Patrick Nowak, délégué syndical central CGC. Il craint donc que des salariés soient, in fine, licenciés, faute d'avoir trouvé un poste répondant à leurs compétences. La méthode à laquelle la direction aura recours suscite également des interrogations. « Nous redoutons que les reclassements se fassent à la tête du client et que les managers en profitent pour faire leur marché », expose le délégué.

Le sort des salariés volontaires inquiète en outre les syndicats : « HP en a laissé partir beaucoup avec des projets professionnels fumeux, comme, simplement, celui de garder leurs enfants. On risque d'en retrouver aux Assedic », déclare Michel Soumet.

HEWLETT-PACKARD

Effectifs : 5 200 personnes, après plan social.

Chiffre d'affaires France : 6,2 milliards d'euros.

Coût social et gains financiers

Le plan social qui touche Hewlett-Packard, en France, s'inscrit dans un vaste programme de réduction des effectifs ; 17 500 postes ont ainsi été supprimés dans le monde. Le coût social de la fusion HP/Compaq est donc énorme, mais il s'est traduit, sur le court terme, par des gains financiers. Les suppressions de poste ont permis d'économiser 3 milliards de dollars en un an. HP s'est également emparée de la première place sur le mar- ché des serveurs sous Unix, Windows et Linux. L'entreprise a ainsi annoncé qu'elle gérera les systèmes informatiques d'Ericsson et de Procter & Gamble. Une réussite financière, mais au prix de pertes de compétences.