E & C : Quels sont actuellement les partenariats en vogue entre les écoles et les entreprises ?

B. R. : Les entreprises cherchent, aujourd'hui, à se rapprocher des écoles plutôt que des associations d'élèves. Elles cherchent à nouer davantage de partenariats pédagogiques ou misent sur la recherche. On assiste à une implication plus institutionnelle de ces dernières. Les relations écoles ne se font plus à la seule initiative d'un des salariés d'une société mais sont le fait d'une entreprise. Dans les écoles de gestion, on voit également émerger des chaires d'entreprise. Ce mouvement est né aux Etats-Unis voilà quelques années et commence à se développer dans les écoles de gestion françaises, avec des dotations significatives. Carrefour ou la Caisse d'épargne ont, ainsi, investi, chacune, 225 000 euros pour créer leur propre chaire au sein d'HEC.

E & C : Prévoyez-vous un fort développement de ces partenariats dans les cinq ans à venir ?

B. R. : Je pense que nous allons vers un resserrement des liens entre écoles et entreprises. Les entreprises tentent d'établir des relations privilégiées avec des institutions de bon niveau, et ce, dans une perspective de long terme, afin de se préparer à la guerre des talents. L'objectif est ici de créer des viviers de candidats en continu. On note également une professionnalisation dans le processus de recrutement, même pour les stages. Aujourd'hui, il existe une réelle concurrence entre étudiants pour décrocher un stage.

E & C : Est-ce un moyen pour les entreprises de se préparer au papy-boom, à l'horizon 2005 ?

B. R. : Effectivement, c'est un bon moyen d'anticiper la pénurie de cadres qui se profile en France. Les recrutements pourraient devenir plus difficiles avec les premiers départs à la retraite et ce sera alors le début d'une très grande vague d'embauches pour quelques années. En même temps, toutes les entreprises n'ont pas pris la mesure de l'enjeu. Les pionnières sont souvent les grandes entreprises, les plus performantes, tournées vers l'international. D'autres continuent à faire de la "retape", ces communications corporate destinées à vendre l'image de l'entreprise. Malheureusement, les jeunes sont moins réceptifs, aujourd'hui, à ce genre de démarche.