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SANS

Concierge de bureau

SANS | publié le : 06.05.2003 |

Voilà un DRH fier de lui.

Pour « fidéliser nos meilleurs contributeurs » et permettre aux experts de cette grande compagnie d'assurance de faire face avec succès à l'avalanche de dossiers qui les submergent en permanence, ce DRH a voulu reprendre la vieille idée du "concierge de bureau".

« Nous allons construire un service tip-top, et réconcilier les experts avec les débordements d'horaires. Plus d'implication contre plus de soutien pour la vie pratique. C'est un bon plan, non ? »

Voyons de plus près. L'idée est d'intégrer dans l'équipe, au rez-de-chaussée, quelqu'un capable de rendre les mille services qui permettront aux experts, très majoritairement des femmes avec charge d'enfants, de se concentrer sur leur travail sans être en permanence dérangés par la gestion d'obligations familiales ou personnelles qui les éloignent de leur écran et de leurs dossiers, et « cassent la productivité sur laquelle est assise notre développement ».

Concierge de bureau. L'homme aux clés d'or est sûrement une idée à explorer, puisque, après tout, rien n'interdit de rechercher un peu de confort dans cet univers de stress permanent.

On étudie préalablement la liste des services possibles, souhaitables, interdits, confidentiels, gratuits, payants, immédiats ou reportés, bref, on construit une sorte "d'offre de services" à destination de mesdames et messieurs les experts qui ont tant besoin d'être chouchoutés.

Quels experts, d'ailleurs ? Tous les experts, par principe ? Les associés seulement ? Les mères de famille ? Les experts dont l'emploi du temps est le plus chargé ?

Bref, on s'interroge sans fin sur la liste des bénéficiaires. Sans réponse, cette question est laissée de côté. Provisoirement. (Mais quand on tourne le dos à un problème, il vous attaque par derrière, c'est bien connu...)

On en vient ensuite au coût de la prestation. Question difficile. Il faut construire une sorte de grille tarifaire. On se chamaille sur l'amplitude des services gratuits. Sur le prix des services payants. Sur le partage des coûts entre l'entreprise et les experts. On imagine des abonnements, des cartes de fidélité, des rabais proportionnels au coefficient familial.

On consulte largement. Le débat s'installe. Puis s'envenime. Devient conflit. On sort la grosse artillerie. On s'invective en finesse, "Egalité de droits" contre "Modernité des conditions de travail".

On sollicite mon avis. Je pose la question autrement : « Où est le progrès du management s'il faut passer de plus en plus de temps au bureau, concierge ou pas, pour faire dans le stress ce qu'on faisait détendu il y a si peu de temps ? »

Réponse cinglante du DRH : « Ce n'est pas la question ! »

Est-ce si sûr ?