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Les 300 titres du ministère du Travail seront accessibles par la VAE en 2005

SANS | publié le : 29.04.2003 |

Comment l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) renforce-t-elle son offre en matière de validation des acquis de l'expérience (VAE) ? Gilbert Hyvernat, directeur général, et Patricia Bouillaguet, directrice de la prospective et des relations avec les pouvoirs publics de l'Afpa, répondent.

Parmi les 300 titres ministériels auxquels prépare l'Afpa, combien sont aujourd'hui accessibles via la VAE ?

Quatre-vingt six. L'ensemble des titres, c'est-à-dire 300, le sera début 2005. Le travail de découpage des titres en blocs de compétences, que nous appelons « certificats de compétences professionnelles » (CCP) est important. En moyenne, un titre compte quatre CCP.

Combien de personnes ont bénéficié d'une validation Afpa en 2002 et quel est votre objectif pour 2003 ?

5 900 personnes ont bénéficié d'une validation en 2002. Notre objectif est d'atteindre le chiffre de 15 000 personnes en 2003, qu'elles soient au chômage ou salariées d'entreprise.

La voie de la validation est importante pour le développement de l'Afpa. En effet, 50 % des personnes en formation à l'Afpa ne vont pas jusqu'à l'obtention d'un titre, parce qu'elles sont dans une logique de recherche d'employabilité ou parce qu'elles trouvent un emploi avant la fin de la formation. Le fait de pouvoir capitaliser un bloc de compétences, puis de valider d'autres blocs, plus tard, par l'expérience, est intéressant pour elles. C'est pour cela qu'une personne a cinq années pour obtenir la totalité de son titre par la VAE.

Un autre usage utile de la VAE serait qu'elle soit proposée systématiquement aux salariés touchés par les plans sociaux.

Les formateurs Afpa, qui évaluent et préparent les candidats au passage devant les jurys, ont-ils exprimé des résistances par rapport au principe de validation des acquis de l'expérience ?

Il est vrai que certains d'entre eux, au début, ont eu peur de brader les titres du ministère du Travail auxquels l'Afpa forme. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, pour deux raisons. Les titres accessibles via la VAE sont bien les mêmes titres du ministère, obtenus dans les mêmes conditions, et non des titres bis créés parallèlement. Et certaines confédérations syndicales qui, à l'origine, doutaient de l'idée de validation, ont beaucoup évolué sur la question. Il n'y a plus grand débat aujourd'hui.

Comment se finance une VAE à l'Afpa ?

Elle est gratuite pour les chômeurs, c'est-à-dire financée par la dotation de l'Etat à l'Afpa. Elle est prise en charge par les Opacif et Fongecif pour les salariés. Reste la question des personnes qui ne pourraient bénéficier ni d'un financement de l'Etat, ni d'un financement mutualisé interprofessionnel ou de branche de la part des gestionnaires du CIF. Pour ces personnes, il faut trouver une solution. Il serait certainement bon d'aller vers une politique homogène pour tous les ministères sur la question de la gratuité ou non de la validation pour le candidat. On pourrait envisager soit un financement par l'Etat - dotation directe ou défiscalisation au profit du bénéficiaire dans le cadre d'une priorité nationale -, soit un financement individuel.

Il serait de mauvais affichage que la VAE soit gratuite pour les titres d'un ministère et payante par le bénéficiaire pour les titres d'autres ministères. Nous sommes en attente d'une décision.

L'accompagnement des candidats et la réunion des jurys ont forcément un coût, comment le financez-vous ?

La VAE à l'Afpa se fait au travers d'un examen concret : un maçon construit un mur, un plombier travaille le cuivre... Ce n'est pas une série de questions-réponses autour d'une table. Nous avons estimé que le coût d'une VAE, hors les 4 heures de préparation du dossier de candidature et de preuves avec un formateur-conseil, est de 300 euros. Cela comporte le coût de la plate-forme technique, le coût du jury, celui des matériaux... Si la VAE veut avoir le succès que tout le monde dit attendre, il faudra financer ces coûts.

Avez-vous des problèmes pour réunir des jurys de professionnels ?

Ce sont, en effet, des professionnels, employeurs et employés, qui se prononcent, au final, sur les candidatures et attribuent ou pas le titre via la VAE. Nous n'avons pas vraiment de problèmes pour réunir des professionnels en jury aujourd'hui. Mais, tout comme pour le financement des coûts, si la VAE devient un phénomène important, il faudra rationaliser et "industrialiser" la tenue des jurys. On va aller vers des listes départementales thématiques de membres de jurys, alors qu'auparavant, chaque centre de formation Afpa faisait sa propre liste. A terme, il faudra aussi certainement se rapprocher d'autres institutions validantes (Education nationale, chambres consulaires, branches professionnelles...) pour former, ensemble, des jurys.

De plus, nous ne pouvons pas faire appel à des professionnels retraités depuis plus de cinq ans. Il faut majoritairement faire appel à des professionnels encore en exercice. Or un professionnel qui se déplace, c'est un professionnel qui perd une journée de travail. Depuis longtemps, nous avons une formule d'indemnisation des membres du jury, mais elle n'a pas été réévaluée depuis longtemps et se monte à 8,24 euros par examen. Il est clair, aujourd'hui, que les professionnels qui composent nos jurys sont des personnes particulièrement motivées. Certains chefs d'entreprise y voient l'intérêt de tester des candidats pour une embauche future.

Vous parlez d'industrialisation du processus de validation. Que prévoyez-vous en ce sens ?

Dans un premier temps, des outils d'autopositionnement en ligne qui permettraient à des candidats de tester l'opportunité de se lancer dans une démarche de validation des acquis d'expérience.