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Le Futuroscope a réussi un "zéro licenciement sec"

SANS | publié le : 29.04.2003 |

Après avoir opéré, il y a un an, une première coupe dans sa masse salariale avec l'externalisation de 211 salariés, le Futuroscope a lancé, en novembre dernier, un plan social. Les 162 postes supprimés se sont transformés en départs volontaires.

C'est la première bonne nouvelle que les salariés du Futuroscope ont eu à entendre depuis longtemps : le plan social annoncé en novembre dernier se soldera finalement par aucun licenciement "sec". Leurs nerfs ont pourtant été mis à rude épreuve depuis quelques années. En fait, depuis 1999, année de la plus forte baisse de fréquentation du deuxième parc d'attractions français, ouvert en 1987 (voir graphique).

Lancé par René Monory, sénateur de la Vienne, il est vendu au groupe Amaury, en mars 2000, qui s'en porte acquéreur pour 42 millions d'euros, et qui rebaptise les lieux Planète Futuroscope. Dans la foulée, un partenariat est conclu avec la SNCF pour la création d'une gare et d'une desserte TGV dans le parc même.

Société d'économie mixte

Cela ne suffira pas pour redresser les chiffres. Deux ans et demi et quelque 300 000 visiteurs de moins après, le groupe Amaury jette l'éponge. A deux doigts du dépôt de bilan, le parc retourne dans le giron du public. Aujourd'hui, il est géré par une société d'économie mixte (60 % du capital est détenu par le département de la Vienne, et 20 % par la région Poitou-Charentes). Dans l'intervalle, l'effectif est passé de 870 à 475 salariés en contrat à durée indéterminée. Il y a eu tout d'abord l'externalisation, fin 2001, de 211 emplois de cadres et d'employés, chez Dikeos. Cette plate-forme multiservice, filiale de Veolia Environnement, ex-Vivendi Environnement, implantée dans le parc et dédiée à la maintenance des attractions et des bâtiments, à la logistique et à l'entretien, a été choisie suite à un appel d'offres. Dès le début des transactions, la direction a convié les partenaires sociaux à débattre du projet. Une commission paritaire a été créée, au sein de laquelle elle informe les représentants des cinq syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, Unsa) de l'état d'avancement de la sélection des entreprises. « Aujourd'hui, Dikeos existe toujours, les ex-Futuroscope y sont toujours employés ou ont migré, à leur demande, dans d'autres branches du groupe Vivendi », annonce Gorge Carvalho, membre du comité d'entreprise du Futuroscope et représentant Unsa.

Pour ceux qui restent, le répit sera de courte durée. Le 30 juillet 2002, un nouveau projet de réorganisation, devant conduire à la suppression de 151 emplois et à l'externalisation de 16 autres, est annoncé. Quatre mois plus tard, la direction met en place un "espace projet", signé dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi par quatre des cinq syndicats de la maison (la CGT s'étant abstenue). « Nous nous sommes investis pour que les personnes partent avec un emploi ou une formation qualifiante, explique Gorge Carvalho. Il n'était pas question de gérer le sureffectif avec un simple "chèque valise". »

Reclassement

Aidés par les consultants du cabinet de reclassement collectif Capfor, les partenaires sociaux planchent sur le reclassement des salariés ; 162 se sont portés candidats à un départ volontaire. Fin avril, 92 ont trouvé un nouvel emploi, en grande majorité en CDI (80 % sur le bassin Poitiers-Châtellerault), 50 suivent une formation longue et qualifiante, 10 ont bénéfi- cié du rapprochement de conjoint, 10 autres sont en passe de créer leur entreprise et, parmi eux, le secrétaire du CE. Chacun a reçu une prime de départ d'un mois et demi de salaire par année d'ancienneté ou bénéficié d'un accompagnement à la création d'entreprise (80 % des études de faisabilité pris en charge, 7 800 euros, plus une aide à l'embauche de salariés du parc).

Une anticipation payante

« Si nous avions attendu la fin du livre III, comme le prévoit la loi, pour ouvrir la cellule emploi (elle sera en place dans les prochains jours et accueillera ceux et celles qui sortent de leur formation, NDLR), nous n'aurions pas obtenu d'aussi bons résultats. Grâce à cet "espace projet", nous avons bénéficié de mois supplémentaires pour les accompagner. » Désormais, les salariés du Futuroscope (475 CDI et 250 CDD, soit 40 % de moins que la saison précédente) partagent le voeu de la direction : retrouver progressivement 2 millions de visiteurs par an. L'ouverture de l'espace dédié aux jeux vidéo, baptisé Cité du numérique, inauguré par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, le 19 avril dernier, le permettra peut-être...