logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Des demandes de VAE en augmentation

SANS | publié le : 29.04.2003 |

La demande de validation est en augmentation exponentielle, note le ministère de l'Education nationale. Et les personnes y arrivent de mieux en mieux préparées.

La VAE est-elle en train de prendre toute sa place dans l'Education nationale ? Plusieurs chiffres le laissent penser. En 2001, 5 381 personnes se sont présentées devant un jury de validation du CAP au BTS (donc hors diplômes de l'enseignement supérieur). Pour le seul premier semestre 2002, ce chiffre était de 4 022. Pour le deuxième semestre 2002, sur 22 des 30 académies (hors Ile-de-France), 30 514 personnes ont été informées, au sens où elles ont fait une démarche physique de retrait de dossier et non pas seulement passé un appel téléphonique. Et 2 843 personnes ont déposé un dossier.

En extrapolant sur l'ensemble des académies, on arrive à une estimation d'environ 74 000 personnes informées en 2002, soit deux fois plus qu'en 2001, année où on a recensé 36 717 personnes informées. Or, comme le rapport entre personnes informées et personnes allant au bout de la démarche est stable depuis trois années, le ministère en déduit que de 12 000 à 15 000 personnes devraient bénéficier d'une VAE en 2003, sur les diplômes allant du CAP au BTS.

Cette estimation est importante, car cette catégorie de diplômes représente l'essentiel des demandes de VAE. En effet, le diplôme le plus demandé par la VAE, et auparavant par la VAP, est, de loin, le BTS d'assistante de direction, et, plus généralement, les BTS tertiaires.

« Bien sûr, il faut prendre ces projections avec prudence, note Michel Aribaud, chargé de mission validation des acquis de l'expérience à l'Education nationale pour les diplômes du CAP au BTS. Elles pourraient même être plus optimistes, dans la mesure où, sur le terrain, on s'aperçoit que les écarts entre demandes d'accompagnement et présentation effective aux jurys se réduisent, c'est-à-dire que les personnes semblent mieux préparées et plus motivées pour aller au bout de la démarche. »

Un succès qui s'explique

Ce succès de la VAE ne sort pas du néant. Trois éléments y concourent. Premièrement, depuis 2000, l'ancienne VAP (Validation des acquis professionnels) connaissait, déjà, un vrai renouveau et le nombre de demandes était en augmentation. Deuxièmement, la loi de modernisation sociale a donné au principe de validation un coup d'accélérateur, le bouche à oreille et la campagne d'information du ministère de l'Education nationale et du ministère de l'Emploi ont fait le reste. Enfin, troisième élément : le public, lui-même, semble avoir changé d'avis et d'appétence vis-à-vis de cette formule. L'idée de validation de l'expérience en vue de l'obtention d'un diplôme se banalise, elle fait moins peur, les gens commencent à y accorder de l'intérêt et à l'intégrer dans leur stratégie d'évolution de carrière ou de reconnaissance salariale.

La possibilité d'obtenir 100 % d'un diplôme est évidemment un élément particulièrement motivant. Pour le deuxième semestre 2002, et pour uniquement 8 des 30 académies de l'Education nationale, 325 personnes, sur 835 passées en jurys, ont reçu leur diplôme du CAP au BTS via la VAE. Les autres ont donc obtenu une partie du diplôme. « En moyenne, le taux d'acquisition du diplôme varie de 20 % à 50 % selon les types et les niveaux du diplôme », explique Michel Aribaud.

Autres éléments accélérateurs : des stratégies "consuméristes" permises par le passage de la VAP à la VAE commencent à naître. Les personnes qui étaient engagées dans des démarches de VAP demandent à « basculer », désormais, dans une démarche VAE. Et nombre d'anciens bénéficiaires de dispenses obtenues par la VAP reviennent vers l'Education nationale pour atteindre 100 % de leur diplôme via la VAE, ce qui n'était pas possible auparavant ! Ces attitudes traduisent déjà des tactiques utilitaristes de la part des demandeurs, signe de la démocratisation de cette mesure.

Face à cet afflux, comment réagit "l'outil" Education nationale ? L'accueil des demandeurs est assuré dans chaque académie par un Dispositif académique de validation des acquis (Dava). Chaque Dava est lui-même relayé par un à quinze points d'accueil de premier niveau, selon la densité démographique de l'académie et la politique fixée par le recteur.

Les Dava assurent l'information, le conseil, l'accompagnement et le suivi des demandeurs. Ce sont les services chargés des examens (Division examen et concours, DEC, du ministère de l'Education nationale) qui organisent les jurys et se prononcent sur la validation elle-même. Cette séparation est importante à connaître, car les recours possibles sont à adresser soit aux Dava soit à la DEC selon la nature des reproches faits.

Gestion des flux de dossiers

Devant la pression de la demande, certaines académies sont particulièrement imaginatives. Certaines ont, ainsi, décidé de créer un centre valideur par département. D'autres ont ouvert des centres permanents de validation. Dans certains cas est réunie en un seul lieu toute l'offre de validation de l'Education nationale, du secondaire au supérieur. Cet exemple de centralisation de l'offre permet de la rendre lisible par chaque citoyen. Ce qui est nécessaire car, au fil des années, le nombre de spécialités professionnelles demandées via la validation à l'Education nationale (CAP petite enfance, CAP cuisine, brevet coiffure, brevet agent technique de sécurité, bac professionnel secrétariat, BTS assistante gestion PME-PMI...) a augmenté : sur les 740 existantes, 270 avaient été demandées en validation en 2001, 330 en 2002 et 400 en 2003. Une des craintes souvent émises quant au développement de la VAE est celle concernant la difficulté à réunir assez de jurys pour étudier tous les dossiers présentés. Mais cette crainte est-elle fondée ? « La gestion des gros flux est une question sensible, reconnaît Michel Aribaud. Mais, pour le moment, les services et les jurys s'organisent selon les demandes de diplômes et les politiques académiques. »

En fait, la difficulté pour l'Education nationale réside dans le fait de faire face à plusieurs missions. A la fois, elle doit assurer une obligation de service face à un nouveau droit, la VAE, mais elle doit éviter de sortir les enseignants des classes pour ne pas perturber l'enseignement !

De même, les professionnels qui siègent dans les jurys sont à la fois très honorés de ce rôle et très intéressés, mais ont de nombreux problèmes de disponibilité du fait de leurs activités !

L'Education nationale tente, avec les branches et les entreprises, de susciter des vocations de membre de jury. Ce qui semble plutôt une réussite avec les branches possédant un fort sentiment de "métier" (bâtiment, coiffure, hôtellerie, lunetterie...), mais ce qui est moins concluant pour les secteurs plus transversaux, comme le tertiaire administratif.

Incitations financières

La question de la reconnaissance et de l'indemnisation des professionnels siégeant se posera, de toute manière, avec de plus en plus d'insistance, si la VAE connaît le développement qu'on peut lui souhaiter. Des défiscalisations de charges existent déjà dans le Code des impôts des sociétés, il faudra peut-être les renforcer. Les négociations paritaires de branches pourraient également prendre en compte cette question comme un élément de discussion et de construction d'une politique de formation.

Par ailleurs, on peut penser que l'Education nationale sera conduite à renforcer la prestation en aval d'information et d'accueil des Dava, afin d'améliorer l'orientation et pour éviter d'engorger les services. Mais, en contrepartie, elle devra donner plus de moyens et d'outils aux demandeurs pour qu'ils s'autoévaluent et s'autopositionnent avant de déposer un dossier. Plusieurs projets d'outils Internet jouant ce rôle sont à l'étude.