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Pr évenir les lombalgies pour agir su r l'absentéisme

SANS | publié le : 22.04.2003 |

Chez Tenneco Automotive France, la gestion de l'absentéisme s'est traduite par une refonte des conditions de travail dans le service des cabines de soudure.

A Saint-Berthevin, en Mayenne, sur le site de Tenneco Automotive France, filiale d'un groupe américain de 24 000 personnes, les maladies professionnelles sont apparues au grand jour en 2000, lorsque le médecin du travail a soudainement tiré la sonnette d'alarme. Diagnostic : plusieurs cas de lombalgies affectant plus particulièrement les 50 opérateurs du service des cabines de soudure manuelle, et faisant grimper dangereusement la courbe de l'absentéisme dans cette entreprise de 537 salariés, tournée vers la production d'amortisseurs et de systèmes d'échappement. « Le taux d'absentéisme directement lié aux TMS et aux lombalgies s'élève à 9,5 %. Un chiffre important qui entraîne des absences longues. Ce qui, pour une PME comme la nôtre, représente un coût humain et financier difficilement supportable », analyse Michèle Duparcq, DRH de Tenneco Automotive France.

Installations obsolètes

A l'origine de ces maladies, des cabines de soudure obsolètes, installées vingt-cinq ans plus tôt, ne répondant plus aux critères de production. « Le nombre de composants par référence et la longueur des lignes d'échappement augmentaient. Concrètement, les salariés travaillaient dans un espace de plus en plus restreint tout en portant des charges plus lourdes et plus difficiles à manipuler », indique Arnaud Baron, ingénieur méthodes. Une situation aggravée par l'âge des collaborateurs : en moyenne, 45 ans.

La PME mayennaise décide, dès lors, de travailler dans deux directions : le curatif et le préventif. Les salariés souffrants sont ainsi dirigés vers un centre de rééducation près du Mans. Cinq semaines de soins intensifs sont nécessaires au rétablissement des malades. Mais le gros chantier reste celui de la prévention, et de son corollaire, l'aménagement des cabines de soudure. Suite à un contact avec l'Aract Pays-de-la-Loire (Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail), Laurent Brami, un ergonome, est dépêché sur le site. Dans la foulée, un groupe de travail réunissant le médecin du travail, des cadres et cinq soudeurs de l'atelier est mis en place fin 2000. « La méthode déployée par Laurent Brami a reposé sur une observation fine des habitudes de travail, sur une série de mesures portant sur les temps d'exécution, les poids soulevés ainsi que sur une analyse de l'encombrement de l'espace. Des reportages vidéo lui ont permis de mieux cerner certaines gestuelles courantes », relate Arnaud Baron.

Nuisances sonores

Une fois ces observations restituées à l'ensemble de l'équipe et aux représentants du personnel, Tenneco Automotive France se lance dans l'aménagement de la nouvelle cabine. L'entreprise en profite également pour lutter contre les nuisances sonores, améliorer l'éclairage de l'atelier, et revoir le système d'aspiration des fumées. « C'est finalement une remise à plat complète du poste de travail qui a été effectuée », souligne la DRH. La cabine pilote est testée mi-2001 par l'ensemble des soudeurs. La Cram vérifie, quant à elle, l'efficacité du nouveau système d'aspiration des fumées « à la source ». En juillet 2001, la nouvelle cabine de soudure est validée suite aux résultats probants d'une enquête de satisfaction réalisée par l'encadrement auprès de chaque soudeur. « Nous avons ensuite informé le CHSCT, puis communiqué dans le journal d'entreprise. Parallèlement, nous avons lancé une analyse d'implantation de toutes les cabines dans l'atelier, de manière à définir les zones d'accès et d'approvisionnement. Enfin, il s'agissait de détecter les modifications d'organisation sur les acteurs environnants », explique Michèle Duparcq.

Déménagement

Le projet sera toutefois gelé pendant une année, le temps que l'entreprise finalise son déménagement sur le site de Saint-Berthevin. Les nouvelles cabines seront opérationnelles en novembre 2002. « Entre-temps, le projet n'a pas été retouché », insiste la DRH. Selon laquelle, il n'aurait pu voir le jour sans l'implication de la direction générale, « d'autant plus, qu'en filigrane, il n'y avait aucun objectif d'amélioration de la productivité ».

Au total, Tenneco Automotiv France aura investi 229 000 euros dans cette opération. Si l'entreprise n'a pas encore constaté une diminution sensible de l'absentéisme, elle entend, toutefois, toucher, dès la fin de l'année, les dividendes de cet investissement.