logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Le Soissonnais continue de panser ses plaies

SANS | publié le : 22.04.2003 |

Au printemps dernier, le Soissonnais enregistrait cinq défaillances d'entreprise, forçant l'Etat et les collectivités à se pencher sur le sort des quelque 630 salariés. Près d'un an après, tout n'est pas réglé.

A Soissons, sur la rue de Reims, rebaptisée "rue des Sinistrés", l'annonce de la reprise d'AR Carton Saint-Germain, le 21 mars dernier, a mis un peu de baume au coeur aux habitants de cette ville, qui a perdu près de 700 emplois en l'espace d'un an. Un dénouement heureux qu'il faut mettre au crédit de l'acharnement des salariés : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, durant trois cents jours, ils ont entretenu les machines, même après le rejet par le tribunal de commerce d'un premier projet de reprise, en décembre 2002. Cet acharnement a fini par payer puisqu'il a séduit un investisseur breton, Pierre Camion. Depuis trois semaines, une quarantaine de salariés, sur les 204 d'origine, ont un nouveau contrat de travail. Ils devraient être 70 d'ici un an et demi.

Quatre sociétés en liquidation

Malheureusement, ce cas reste une exception. Les quatre autres entreprises frappées de liquidation judiciaire que sont BSL Industries (370 salariés), Pecquet Tesson (64), Berthier (54) et Friess (16) sont loin d'être sorties d'affaire. Et pour cause : « les dernières machines de BSL, ex-fleuron régional de la chaudronnerie fine, ont été vendues aux enchères en décembre dernier », se désole Alain Beaudon, secrétaire départemental de la CGT, ancien salarié d'AR Carton. « Pecquet Tesson est désormais fermé, même si quatre ouvriers y ont installé une activité de maintenance en chaudronnerie, il y a maintenant six mois. Friess n'existe plus. Quant à Berthier, les salariés prospectent les repreneurs. Un dossier devrait être déposé dans les jours qui viennent. Mais les offres n'ont pas afflué. Logique, le liquidateur judiciaire n'a jamais manqué d'agiter l'article L. 122-12 (1), ce qui a découragé pas mal d'entrepreneurs », poursuit-il.

Fonds de reclassement

Ces liquidations en série, intervenant moins de deux ans après la fermeture de l'usine Wolber (qui comptait 451 salariés), filiale de Michelin, condamnaient le bassin d'emploi du Soissonnais à traverser une crise sans pareille. Au cri d'alarme des élus, l'Etat, la région et le conseil général, avec le concours de fonds sociaux européens, se sont alors mobilisés. Fin mai 2002, Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux PME et élu de l'Aisne, annonçait la création d'un fonds de reclassement trois étoiles, avec une aide individuelle atteignant 3 700 euros, des mesures d'âge dès 54 ans qui se chiffreraient à 1,9 million d'euros, ainsi qu'une réindustrialisation et un accompagnement au reclassement sur dix-huit mois, évalué à 2 millions d'euros et confié à la Sodie.

Une progression de 13 % des CDI

ce, la cellule emploi de la Sodie fait ses comptes. Sur les 634 personnes recensées (principalement des ouvriers, la moyenne d'âge dépassant les 45 ans), 176 n'ont pas trouvé de solution (voir encadré ci-dessus). Joëlle Bianchini-Mallet, chef de mission de la Sodie, reste cependant optimiste. « Nous progressons sur tous les fronts, avec une augmentation de 13 % de CDI en un mois. Reste de nombreux CDD, qui devraient se transformer en CDI, mais la conjoncture force les entreprises à l'attentisme. » L'arrêt d'Air Lib, à Roissy, à quelque 70 kilomètres de là n'a pas arrangé les choses.

Mission de revitalisation

Pour sa part, Martine Clavel, sous-préfète de Soissons, est attentive à la mission de revitalisation économique mise en place depuis octobre 2002, et destinée à favoriser la création de 500 emplois. « Si peu de projets exogènes sont programmés, des entreprises locales recrutent, souvent quelques personnes seulement, mais parfois vingt ou plus. Ces embauches ne sont pas aussi spectaculaires que les licenciements du printemps dernier, mais elles sont bien réelles et s'ajoutent à celles qui se font hors du bassin de Soissons, à Crépy-en-Valois ou Roissy, grâce à la cellule de reclassement », précise-t-elle.

Alain Beaudon préfère, quant à lui, rester prudent, justifiant cette attitude par la délicate adéquation à trouver entre les profils des personnels à reclasser, très marqués industrie et chaudronnerie, et les offres d'emploi disponibles dans la région.

* L'article L. 122-12 du Code du travail impose le maintien des contrats de travail et donc des droits et des garanties du salarié lors d'une modification de la situation juridique de l'employeur.

REPERES

Le bilan de la cellule en avril 2003

Sur 634 personnes à reclasser

Mesures d'âges 119 CDI 147 CDD 32 Contrats intérimaires 22 Formations 34 Créations d'entreprise 22 Refus d'antenne 12 Autres 70 Sans solutions 176

Articles les plus lus