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Cailu, une société au secours des femmes battues

SANS | publié le : 22.04.2003 |

Cas particulier de la lutte contre les discriminations, Cailu, une TPE d'Andalousie, embauche des femmes handicapées à la suite de violences conjugales. Ses fondatrices veulent développer le concept en Espagne.

A peine créée, l'entreprise Cailu a déjà reçu un prix de l'Andalousie, celui de la meilleure entreprise de la région pour sa lutte contre les inégalités. Une récompense qui devrait permettre à la société de se faire connaître et surtout de gagner des clients. Car Cailu est la première entreprise à pratiquer la discrimination positive par sexe. Spécialisée dans la sérigraphie, l'emballage de cadeaux, de vêtements et la distribution de produits publicitaires, Cailu s'est lancé dans un pari économique et social. « Nous n'engageons que des femmes, et actuellement 65 % d'entre elles souffrent d'un handicap. Nous pensons que si les femmes sont déjà discriminées, les handicapées le sont doublement ; leur offrir l'indépendance économique, c'est leur donner un coup de pouce », explique Cristina Pavon, directrice et gérante de Cailu, société qu'elle a fondée l'an dernier avec une amie.

Aides de la région

Les deux femmes investissent alors plus de 420 000 euros dans des machines de haute technologie et engagent sept femmes handicapées à la suite de violences conjugales. A ce titre, la région andalouse offre une subvention à chaque création d'emploi et dispense du paiement des charges de Sécurité sociale. Les sept employées handicapées, avec le plus souvent des enfants à charge, sont toutes engagées en CDI. Surdité, amputation d'une jambe, problèmes de vision ou section de tendons d'une main : leurs handicaps sont multiples, mais ces salariées pas comme les autres savent qu'elles ne se trouvent pas dans une ONG.

Ecoute psychologique

Car Cristina Pavon veut faire grandir son entreprise. « Nous avons besoin de plus de travail, car nos nouvelles machines ne fonctionnent qu'à 20 % de leurs capacités », explique-t-elle. Elle ne cache pas qu'elle songe, une fois Cailu stabilisé, à développer ce concept dans d'autres régions espagnoles. En attendant, elle veut faire fonctionner son entreprise, presque comme une autre. Une évaluation de chaque salariée est prévue, ainsi que des promotions. Mais la pression habituelle d'une entreprise, elle avoue la tenir à l'écart. « Je n'en ai pas besoin. Ces salariées sont responsables et très attachées à la société. »

Les postes de travail sont choisis en fonction du handicap et une formation spécifique de deux mois est obligatoire, à raison de sept heures par jour et d'une heure d'écoute psychologique. A partir du troisième mois, les salariées commencent leur travail mais bénéficient d'une heure quotidienne de formation. Un service social, juridique et psychologique est aussi à leur disposition.